(english below) Comme l'avait proposé Nirlik à Émeline (revoir ICI), Georges a pris rendez-vous avec Nilaq et ils ont eu un entretien dont l'issue fut partiellement favorable, en ce sens que Nilaq a senti le sérieux de ce jeune homme, sa connaissance du travail d'une ferme et son besoin de travailler.

Toutefois, il ne pouvait pas s'engager tant que Sébastien n'aurait pas confirmé que Georges faisait l'affaire puisque le nouveau venu devait devenir son assistant ; il lui a donc fixé un nouveau rendez-vous pour le premier jour de beau temps où la neige aurait suffisamment fondu dans les champs pour qu'ils puissent s'y retrouver tous les trois sans s'enfoncer dans la boue jusqu'aux chevilles.

Ce fut aujourd'hui. En début d'après-midi, une fois son travail à la cantine scolaire municipale terminé, Eméline a déposé son mari à la ferme, et celui est parti visiter les champs en friche avec Nilaq et Sébastien.

Inutile de dire que Sébastien a cuisiné Georges de long en large afin de vérifier s'il connaissait bel et bien le travail agricole. Les réponses pertinentes du jeune homme lui ayant prouvé qu'il faisait tout à fait l'affaire, il lui restait malgré tout une dernière question à poser :

- R'mettre en culture des champs en jachère d'puis des ans, c'est d'l'ouvrage.... T'es-tu prêt à r'lever l'défi ? Passe que ça va d'mander beaucoup d'cœur à l'œuvre.

- Monsieur, oui, monsieur ! Je suis prêt.

-Dis donc, toué, t'es toujours pas rev'nu à vie civile, hein ?! Moué, c'est Sébastien, pas monsieur !

- Oui, monsieur... Oui, Sébastien !

Satisfait par cet entretien, Sébastien a hoché positivement la tête en regardant Nilaq, qui a alors annoncé à Georges qu'il était désormais officiellement employé de la ferme.

Pendant ce temps, dans la maison, Nirlik venait de lever Annelle de sa sieste et lui donnait son goûter en attendant que Belle vienne récupérer son bébé.

- Yayou, yayou ! réclamait Annelle à chaque fois qu'elle avait avalé une cuillerée de son yaourt aux fraises préféré.

- Voilà la dernière cuillerée, ma puce. Tu as mangé ta portion en entier, ça suffit maintenant, sinon tu vas devenir aussi ronde que moi ! Mange ton biscuit maintenant.

Émeline est alors entrée dans la cuisine.

- Bonjour. Je ne voulais pas vous déranger ; je venais juste vous acheter des œufs pendant que nos hommes visitent vos champs. 

- Vous ne me dérangez pas du tout, la petite a terminé son goûteeeeeeer..... Aie !

Annelle adore tirer les cheveux !! Habituellement, Nirlik tient ses distances, mais là, elle n'a pas eu le temps d'y penser.

- Non Annelle, pas les cheveux. Coquinette, ce n'est pas parce que tu n'en as pas assez long pour qu'on te les tire que tu dois le faire aux autres !! 

- Je ne pensais pas que vous aviez une fille du même âge que la mienne, ou presque, dit Émeline.

- Oh non ! Ce n'est pas ma fille, c'est celle de mon amie, qui est aussi ma voisine, et également ma cousine comme on l'a découvert récemment. 

Émeline est interloquée.

- Ah ? C'est amusant.

- Ce qui l'est encore plus, c'est qu'on a découvert en même temps que nos autres voisins sont aussi nos cousins ! (revoir ICI) 

La porte s'ouvre.

- Eh bien voici justement ma cousine Belle, la maman d'Annelle. 

Nirlik fait les présentations.

- Enchantée de vous connaitre Émeline. Les enfants vous aiment beaucoup, il parait que vous êtes très gentille et très drôle à la cantine, ils parlent de vous presque tous les jours, déclare Belle.

- Merci beaucoup, cela me fait très plaisir, répond poliment Émeline.

- Maman, maman, maman, maman, maman, maman !!!! crie Annelle en boucle pour attirer l'attention de sa mère.

- Oui mon bébé, Maman est là !

- Super, elle va pouvoir tirer les cheveux de sa maman, et plus les miens, s'exclame Nirlik en riant.

Émeline pose alors une question.

- Savez-vous où il y a un CPE dans le secteur ? Si Georges est embauché par votre mari, il va falloir que je fasse garder ma fille pendant mes heures de travail à la cantine. J'ai été étonnée qu'il n'y en ait pas un dans le village.

(* CPE = centre de la petite enfance, c'est à dire une garderie subventionnée)

- Le maire Walpole espérait ouvrir un CPE au village, mais il n'y a pas moyen de trouver une puéricultrice diplômée disponible ; même les gros CPE nationaux de Sherbrooke sont en pénurie de personnel. Il m'a même demandé si, en tant que sage-femme diplômée, je serais intéressée à ouvrir une garderie privée au centre communautaire du village ; mais avec mes cinq propres enfants, il n'en était pas question pour moi.

- Je sais que c'est la pénurie partout dans la province, mais l'obligation de refaire une formation à nos frais et passer un examen quand notre diplôme vient d'une autre province canadienne, ça décourage beaucoup de monde. J'en fais partie puisque je suis puéricultrice, mais que, mon diplôme ayant été passé au Manitoba, il n'est pas valide ici pour travailler dans les CPE du Québec, sauf à refaire cette formation, ce que je ne peux pas me permettre.

- Quoi ? Vous êtes puéricultrice ? Vraiment ? demande Belle.

- Absolument. Je ne suis pas seulement une serveuse, vous savez ! Je travaillais dans un CPE du Manitoba quand je me suis mariée avec Georges et que je l'ai suivi dans ses affectations militaires. 

Nirlik et Belle se regardent.

- Tu penses la même chose que moi ? demande l'une à l'autre.

- Je crois que oui. Attends, je trouve le numéro de téléphone de la mairie tout de suite. C'est toi ou c'est moi qui lui parlons ?!

Bonne journée :-)

♥♥♥

As Nirlik had suggested to Émeline, Georges arranged to meet with Nilaq, and the outcome was partially favorable, in that Nilaq sensed the young man's seriousness, his knowledge of farm work, and his need for work.
However, he couldn't commit until Sébastien confirmed Georges's competence, since the newcomer was to become his assistant; so he set up a new meeting.
Needless to say, Sébastien grilled Georges extensively to verify whether he truly knew farm work. The young man's insightful answers having proven that he was perfectly suited to the task, he still had one last question to ask:
"Recultivating fields that have been fallow for years is a lot of work... Are you ready to take on the challenge? It's going to take a lot of work."
"Sir, yes, sir! I'm ready."
"Hey, you still haven't returned to civilian life in your head, have you?! I, I am Sébastien, not sir!"
"Yes, sir... Yes, Sébastien!"
Satisfied with this interview, Sébastien nodded positively while looking at Nilaq, who then announced to Georges that he was now officially employed at the farm.

​​While the men were in the fields, in the house, Nirlik had just woken Annelle from her nap and was giving her her snack while she waited for Belle to come and collect her baby.
"gogurt, gogurt!" Annelle would call out every time she swallowed a spoonful of her favorite strawberry yogurt.
"Here's the last spoonful, sweetie. You've eaten your whole portion, that's enough now, or you'll become as chubby as me! Eat your cookie now."
Emeline then entered the kitchen.
"Hello. I didn't mean to disturb you; I just came to buy some eggs while our men visit your fields."
"You're not disturbing me at all, the little one has finished her snackeeeeeee..... Ouch!"
Annelle loves to pull hair!! Usually, Nirlik keeps his distance, but this time, she didn't have time to think about it. 
"No, Annelle, not my hair. Just because your hair isn't long enough for someone to pull it doesn't mean you have to do it to others!"
"I didn't think you had a daughter the same age as mine, or close to it," said Émeline.
"Oh no! She's not my daughter, she's my friend's daughter, who's also my neighbor, and also my cousin, as we recently discovered."
Émeline is taken aback.
"Oh? That's funny."
"What's even more funny is that we discovered at the same time that our other neighbors are also our cousins!"
The door opens.
"Well, this is my cousin Belle, Annelle's mom."
Nirlik introduces us.
"Nice to meet you, Émeline. The children love you very much. I hear you're very kind and funny in the cafeteria. They talk about you almost every day," says Belle.
"Thank you very much, that makes me very happy," replies Émeline politely.
"Mom, mom, mom, mom, mom, mom, mom!!!!" Annelle shouts repeatedly to get her mother's attention.
"Yes, my baby, Mom is here!"
"Great, you'll be able to pull mom's hair, not mine anymore," exclaims Nirlik, laughing.
Émeline then asks a question.
"Do you know where there's a daycare center in the area? If Georges is hired by your husband, I'll have to have my daughter looked after during my working hours at the cafeteria. I was surprised there wasn't one in the village." 
"Mayor Walpole was hoping to open a daycare in the village, but there's no way to find a certified childcare worker available; even the large national daycares in Sherbrooke are short of staff. He even asked me if, as a certified midwife, I'd be interested in opening a private daycare at the village community center; but with five children of my own, that wasn't an option for me."
" I know there's a shortage across the province, but the requirement to retrain at our own expense and pass a new exam when our diploma comes from another Canadian province discourages a lot of people. I'm one of them since I'm a childcare worker, but since my diploma was obtained in Manitoba, it's not valid here to work in Quebec daycares, unless I retrain, which I can't afford."
"What? You're a childcare worker? Really?" asks Belle.
"Absolutely. I'm not just a waitress, you know! I was working at a daycare in Manitoba when I married Georges and followed him on his military assignments."
Nirlik and Belle look at each other.
"Are you thinking the same thing?" they ask each other.
"I think so. Wait, I'll find the city hall's phone number right now. You or I will talk to him?!"
To be continued...