Nirlik - Rencontre avec Émeline
(english below) À l'unanimité, les enfants ont demandé ce matin à leur mère de leur faire son délicieux velouté aux carottes à la crème pour le souper.... mais le petit Pimniq a ensuite bien précisé qu'il ne voulait pas avoir de dessin "dégoûtant" dans son bol (revoir ICI !).
Donc, dans l'après-midi, Nirlik épluchait des carottes lorsque quelqu'un a sonné à l'entrée, puis frappé au carreau de la porte de la cuisine (la cuisine possède une porte vitrée qui donne sur l'entrée). Se doutant qu'il s'agissait de quelqu'un qui venait chercher des œufs, elle a invité la personne à entrer dans la cuisine.
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- Bonjour, je suis Émeline Pelletier, je travaille à la cantine de l'école depuis lundi, et ce midi, votre fille m'a dit que vous vendiez des œufs.
Nirlik s'essuie les mains en souriant. Cette jolie femme est exactement tout ce qu'elle aurait aimé être : grande, mince, blonde, les yeux bleus.... bref, tout son contraire !
- Bonjour Émeline, les enfants m'ont déjà parlé de vous, parce qu'il parait que vous êtes très gentille avec eux pendant leur heure de cantine ! Soyez la bienvenue au village.
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- Voici les œufs frais. Ce sont tous des gros œufs. Combien en voulez-vous, six ou douze ?
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- Euh, combien coûtent-ils ?
- Cinq dollars la douzaine, ou bien deux dollars cinquante cents pour six.
- Je vais vous en prendre douze. Je suis surprise, c'est moins cher qu'à l'épicerie Olson.
- Je sais, répond Nirlik avec un sourire en coin. Vous savez, je fais mes courses au Walmart de Sherbrooke, c'est moins cher que chez Mme Olson ; je pense qu'elle profite légèrement du fait que nous sommes un village assez touristique à cause du lac et de la station de ski, les campeurs et les locataires de maisons d'été n'ont pas envie de s'éloigner de la plage ou des pentes de ski et préfèrent payer plus cher.
- Je m'en doutais parce que j'étais un peu effarée en voyant le prix des denrées dans son magasin.
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- Vous n'avez pas apporté de boîte à œufs ?
- Non, je ne savais pas qu'il en fallait une.
- Oui, vous apportez votre boîte vide et je vous donne une boîte pleine. Mais puisque vous n'étiez pas au courant je vais vous donner une boîte pleine sans vous faire payer de consigne.
- Une consigne ? pour les œufs ? demande Émeline avec un sourire taquin.
Nirlik éclate de rire.
- C'est ça, vous me rapportez les coquilles !! Hi hi hi ! Non, pour la boîte ! Si je ne fais pas ça, les gens ne pensent jamais à apporter leurs boîtes et je me retrouve avec des œufs qu'ils ne peuvent pas emporter, sauf à les mettre dans un sac en plastique et risquer de les casser avant d'arriver chez eux.
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Au moment où Nirlik allait tendre la boîte d'œufs à Émeline, elle lui dit :
- Vous avez l'air gelée.
- Oui, je suis venue à pied depuis l'école et il fait seulement 1°C, avec le vent, c'est un peu réfrigérant.
- Alors je vais vous offrir un bon café chaud, installez-vous à la table, j'allais justement m'en servir un quand vous êtes arrivée.
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Nirlik sert les cafés avec une petite assiette de biscuits à la confiture et les deux femmes commencent à bavarder. Le sujet vient bien vite sur Simon et le comportement d'Amandine. Puis Nirlik demande à Émeline ce qui les a amenés à emménager au village.
- C'est votre maire Walpole qui nous a fait venir ; il travaille avec un organisme qui vient en aide aux soldats qui sont victimes de stress post-traumatique, le TSPT ; c'est le cas de mon mari. Monsieur Walpole m'a fait engager à la cantine scolaire municipale afin que la personne qui faisait ce travail puisse prendre sa retraite. Ils nous a offert de louer le logement HLM vacant qui est au-dessus de la mairie.
- C'est celui où habitait la mère d'une camarade de classe de nos enfants, la petite Maïa. Un enfant remplace l'autre, dit Nirlik en souriant.
- Ça a été très gentil de la part du maire Walpole. Mais il pensait que mon mari pourrait travailler au supermarché Olson, puisque la propriétaire cherche un employé manutentionnaire ; mais cette dame a refusé, alors je vais sans doute devoir reprendre un second emploi de serveuse le soir en attendant que mon mari trouve du travail.
- Comment va votre mari ? Est-il bien suivi, par un bon médecin ?
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- Il est suivi par le service FAC (Forces Armées Canadiennes) depuis son retour à la vie civile, en tant que vétéran. Il y a des hauts et des bas. Il a vécu quelque chose d'horrible au Liban en 2021, les cinq hommes de son unité sont morts dans un accident d'hélicoptère. Il était le pilote, il est le seul survivant et il le vit très mal, il s'en croit responsable. Alors il s'est mis à faire des cauchemars, puis à boire. En plus, il a été blessé à une jambe dans un accident de voiture, et désormais il boite légèrement, mais c'était durant une permission, ce qui n'est pas pris en compte par l'armée pour les indemnités. Il a été libéré des obligations militaires à la fin de son engagement.
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Nirlik écoute avec attention ce qu'Émeline explique.
- Il est suivi, il a été en cure de désintoxication deux fois, cette fois, il va vraiment mieux, il fait moins de cauchemars, il ne boit plus "pour ne plus penser" comme ça a été le cas jusqu'à l'an dernier. Mais il lui faudrait un travail sérieux, qui l'occupe à plein temps, parce qu'il tourne en rond dans la maison, et que le fait que je sois seule à travailler, c'est dur pour lui, il est fier et il le vit assez mal. La plupart du temps, il est redevenu l'homme adorable et aimant qu'il était avant l'accident d'hélicoptère, mais j'ai peur que s'il reste sans travail encore longtemps, il replonge dans la dépression, et... ce qui s'ensuit.
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Nirlik reste silencieuse quelques instants, puis en faisant une prière silencieuse pour que Nilaq soit d'accord, elle se lance.
- Votre mari accepterait-il de travailler dans une ferme ?
- Pour sûr : il a été élevé dans une ferme dans le Manitoba.
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- Alors dites à votre mari de passer ici demain, afin de rencontrer mon mari. Nous avons un employé, très compétent, qui va s'occuper de la partie agriculture, maïs, avoine, etc, sur tous les champs en jachère que nous remettons en culture cette année, mais mon mari n'a pas le temps de s'en occuper, ni son assistant, ils ont beaucoup de travail tous les deux avec l'élevage et la pension de chevaux, et l'élevage de chiens. Or, ce monsieur Gagnon aura trop de travail pour s'occuper seul de tous les champs que nous allons remettre en culture cette année. Si cela intéresse votre mari, il pourrait peut-être bien faire l'affaire pour assister cet homme-là.
- Ça serait merveilleux, balbutie Émeline.
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Elle s'est levée en remerciant au moins dix fois Nirlik pour son accueil. Elle avait des étoiles d'espoir dans les yeux.
Elle allait franchir la porte de sortie quand Nirlik l'a rappelée :
- Émeline, vous oubliez vos œufs !!
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(Émeline est une poupée Journey Girls, modèle Ilee blonde, sortie en 2017)
Bonne journée :-)
♥♥♥
PS : voici les parents de Simon, Émeline et Georges.
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This morning, the children unanimously asked their mother to make them her delicious creamy carrot soup for dinner. In the afternoon, Nirlik was peeling carrots when someone rang the doorbell and then knocked on the kitchen door (the kitchen has a glass door that opens onto the entrance). Suspecting it was someone coming to get eggs, she invited the person into the kitchen.
- Hello, I'm Émeline Pelletier. I've been working in the school cafeteria since Monday, and this noon, your daughter told me you were selling eggs.
Nirlik wipes her hands with a smile. This pretty woman is exactly everything she would have liked to be: tall, slim, blonde, blue eyes... in short, her complete opposite!
- Hello Emeline, the children have already told me about you, because they said you're very kind to them during lunch! Welcome to the village. Here are the fresh eggs. They're all large. How many do you want, six or twelve?
- Um, how much do they cost?
- Five dollars a dozen, or two dollars and fifty cents for six.
- I'll get twelve. I'm surprised, it's cheaper than Olson's.
- Yes, Nirlik replies with a wry smile. You know, I shop at the Walmart in Sherbrooke; it's cheaper than Mrs. Olson's; I think she's taking advantage of the fact that we're quite a touristy village because of the lake and the ski resort. Campers and summer house renters don't want to go far from the beach or the ski slopes and prefer to pay more.
- I suspected as much because I was a little shocked when I saw the price of groceries in her store.
- You didn't bring an egg carton?
- No, I didn't know you needed one.
- Yes, you bring your empty carton and I'll give you a full one. But since you didn't know, I'll give you a full carton without charging a deposit.
- A deposit? For the eggshells? Émeline asks with a teasing smile.
Nirlik bursts out laughing.
- That's right, you bring me back the shells!! Hee hee hee! No, for the carton, of course! If I don't do this, people never think to bring their own cartons, and I end up with eggs they can't take away, unless they put them in a plastic bag and risk breaking them before they get home.
Just as Nirlik was about to hand the carton of eggs to Émeline, she said to him:
- You look frozen.
- Yes, I walked here from school, and it's only 34°F, with the wind, it's a bit chilly.
- Then I'll get you a nice hot coffee. Have a seat at the table. I was just about to pour myself one when you arrived.
Nirlik serves the coffees with a small plate of jam biscuits, and the two women begin to chat. The subject quickly turns to Simon and Amandine's behavior. Then Nirlik asks Émeline what brought them to the village.
- It was your mayor, Walpole, who brought us here; He works with an organization that helps soldiers suffering from post-traumatic stress disorder, PTSD; that's the case with my husband. Mr. Walpole got me a job at the municipal school cafeteria so that the person who did that work could retire. He offered us a job renting the vacant public housing unit above the town hall.
- It's where the mother of one of our children's classmates, little Maia, lived. One child replaces the other, Nirlik said with a smile.
- That was very kind of Mayor Walpole. But he thought my husband could work at Olson's Supermarket, since the owner is looking for a warehouse worker; but that woman, Mrs Olson, refused, so I'll probably have to take on a second job as a waitress in the evenings until my husband finds work.
- How is your husband doing? Is he being well-treated, by a good doctor?
- He's been under the care of the CAF (Canadian Armed Forces) since he returned to civilian life as a veteran. There are ups and downs. He experienced something horrible in Lebanon in 2021: all five men in his unit died in a helicopter crash. He was the pilot, the only survivor, and he's taking it very hard; he blames himself. So he started having nightmares, then drinking. He also injured his leg in a car accident, and now he limps slightly, but that was during leave, which the army doesn't consider for benefits. He was released from military serv at the end of his enlistment.
Nirlik listens attentively to what Émeline explains.
- He went to rehab twice. This time, he's really better. He has fewer nightmares. He no longer drinks "to stop thinking," as he did until last year. But he needs a serious job, one that keeps him busy full-time, because he's wandering around the house, and the fact that I'm the only one working is hard for him. He's proud and he's taking it quite badly. Most of the time, he's back to the lovely, loving man he was before the helicopter crash, but I'm afraid that if he stays out of work much longer, he'll fall back into depression, and... what follows.
Nirlik remains silent for a few moments, then, silently praying that Nilaq will agree, she begins :
- Would your husband agree to work on a farm?"
- Of course: he was raised on a farm in Manitoba.
- Then tell your husband to come by tomorrow to meet my husband. We have a very competent employee who will take care of the farming side of things—corn, oats, etc.—on all the fallow fields we're replanting this year. However, my husband doesn't have time to take care of that, nor does his assistant; they both have a lot of work to do with breeding and boarding horses, and breeding dogs. And this Mr. Gagnon will have too much work to take care alone of all the fields we're going to replant this year. If your husband is interested, he might be a good fit to assist this man.
- That would be wonderful, Émeline stammered.
She stood up, thanking Nirlik at least ten times for his welcome. She had stars of hope in her eyes.
She was about to walk out the door when Nirlik called her back:
- Émeline, you're forgetting your eggs!!
Have a nice day :-)
♥♥♥
PS: Here are Simon's parents, Émeline and Georges.