Dans le bureau de la directrice de l'école, de l'espoir plein les yeux
Comme elle l'avait dit, et malgré les supplications de sa fille, la mère de Maïa est bel et bien allée se plaindre à l'institutrice, et son ton était tellement agressif et menaçant que celle-ci s'en est plainte à la directrice de l'école, Madame Robinson, en lui expliquant que ce n'était pas la première fois que cette femme s'en prenait à elle pour une raison qui lui semblait plus être de l'animosité de la part de cette mère vis-à-vis du père de l'autre élève, plutôt qu'un problème entre les deux fillettes.
Prenant le problème au sérieux, Madame Robinson a convoqué Madame Lorie Duval, la mère de Maïa (elle ne veut pas qu'on l'appelle Mademoiselle Duval) et le docteur Corbin, le père de Prune, pour cet après-midi à la fin des cours.
À peine entrés dans le bureau et les présentations faites, la mère de Maïa commence à expliquer à grand renfort de mouvements éloquents la manière "inadmissible" dont sa fille a été giflée, et le fait que malgré sa demande auprès du père, puis de l'institutrice, elle et Maïa n'ont jamais pu obtenir réparation de ce geste qu'elle juge intolérable, et la fillette n'a pas reçu la punition qu'elle méritait, notamment un renvoi de l'école pour plusieurs jours et qu'elle espère que ce n'est pas parce que le père est médecin que lui et sa fille bénéficient d'un traitement de faveur et de tolérance vis-à-vis des agressions verbales auxquelles se livre Prune envers Maïa.
Madame Robinson écoute attentivement ce flot de paroles enragées, ce qui finit par calmer un peu la mère de Maïa qui a l'impression que la directrice prend ses doléances en considération.
Madame Robinson demande ensuite au père de Prune de lui exposer son point de vue.
Le docteur Corbin énonce calmement son point de vue.
- Maïa a pris le téléphone dans la poche du pantalon de ma fille et l'a jeté par-dessus une clôture, ce qui l'a brisé. Prune tenait beaucoup à ce téléphone qui lui permettait de rester en liaison avec les gens qu'elle connaissait avant que nous déménagions ici, alors le geste l'a rendue furieuse et elle a giflé Maïa. Je suis d'accord avec Madame Duval, c'est geste inadmissible. De ce fait, j'ai puni Prune de deux manières : la première est que je lui ai supprimé les sorties qu'elle avait prévu de faire avec ses camarades, et que je lui ai imposé de faire des corvées de ménage durant tout le week-end, et la vaisselle durant toute la semaine, et la seconde est que je n'ai pas remplacé son téléphone. Par ailleurs, je lui ai fait présenter des excuses à Maïa lorsqu'elle et sa mère sont venues jusque chez moi pour en exiger, tout en précisant à Madame Duval que je ne lui demandais pas de dédommagement financier pour le bris du téléphone.
La mère de Maïa se met à rire de manière sarcastique.
- Non mais écoutez-moi ça ! Vous imaginez un peu comment est élevée cette mijaurée. Ce n'est pas étonnant qu'elle insulte ma fille comme elle le fait : c'est une fille de toubib trop gâtée et elle se croit supérieur aux autres. Vous parlez d'une punition : faire le ménage, faire la vaisselle ! Ha ha ha ! Ce n'est pas une punition ça, c'est juste le travail normal que doivent faire nos enfants pour mériter leur place. Ma fille fait ça tous les jours et c'est juste normal, ce n'est pas une punition.
Prune tourne la tête vers Maïa d'un air étonné. Non seulement elle est stupéfaite de voir comment la mère parle de sa fille, mais elle ne pensait pas que sa camarade devait faire le ménage ; chez elle, il y a une dame du village qui vient trois fois par semaine pour faire ça dans toute la maison, et elle n'avait jamais imaginé que Maïa devait faire ces corvées-là au lieu de jouer comme elle le fait elle-même quand elle a terminé ses devoirs.
La directrice pose alors une question :
- Quand et où a eu lieu l'incident du téléphone ?
- Un dimanche de septembre, dans le jardin des parents d'une autre élève de l'école, explique le père de Prune.
- Dans ce cas, cette mésaventure ayant eu lieu en dehors de l'enceinte de l'école, et en dehors des jours de classe, elle ne me concerne pas, et je n'ai pas à prendre parti dans le règlement de cette histoire. Histoire, qui, me semble-t-il, a déjà été réglée d'ailleurs, déclare Madame Robinson.
Cette fois, la mère de Maîa se fâche.
- Et pour la punition que ma fille a dû injustement subir avant-hier alors que cette fille l'avait insultée devant tous ses camarades, je suppose que vous trouvez que c'est une histoire réglée, ça aussi, hein ? Bien sûr, vous prenez parti pour la fille du toubib, pas pour la fille de la pauvre cloche que je suis ! Mais je suis habituée, je me suis déjà fait avoir par un autre de ses congènères il y a 7 ans, alors je crois que j'aurais du savoir que je n'avais rien à attendre de mieux de vous. On peut insulter ma fille sans hésiter, comme moi on pouvait me baratiner et me laisser tomber.
Cette fois, Madame Robinson élève un peu le ton.
- Madame Duval, je vous demande de vous calmer : vous parlez devant des enfants, dont votre propre fille. Je suis parfaitement au courant de la manière dont le problème s'est déroulé avant-hier dans la classe de Mademoiselle Biddle, et je vous rappelle que c'est votre fille qui a commencé par une petite agression verbale vis-à-vis de Prune Corbin ; comme celle-ci a eu le tort de lui répondre sur le même ton, le professeur a estimé juste de les punir toutes les deux en même temps. Et je cautionne sa décision : elle était juste et équitable, et je ne reviendrai pas dessus.
Ce que les adultes ne voient pas, c'est les regards qu'ont échangés les fillettes derrière eux.
Au début Maîa baissait les yeux, elle avait honte de devoir être là. Puis comme Prune l'observait rapidement, de plus en plus souvent, sans aucune animosité dans le regard, Maïa a deviné que sa camarade de classe comprenait enfin pourquoi elle était comme ça. Elle est comme ça parce qu'elle ne peut pas s'en empêcher, même si elle le voulait, parce que toute l'agressivité qu'elle supporte chez elle la rend agressive en retour.
Sentant que Prune cherchait son regard, elle a commencé à la regarder à son tour. Et quand Prune lui a souri, comme pour lui faire comprendre qu'elle la comprenait mieux maintenant, et qu'elle ne lui en voulait plus, et puis qu'elle a finalement murmuré tout bas : "Tu veux bien qu'on soit amies ?", Maïa a répondu d'un air méfiant : "Je.... Je...Je ne sais pas.".
Mais elle avait plein d'espoir au fond des yeux.
À suivre....
Bonne journée :-)
♥♥♥
Revoir la scène de la gifle : http://www.milleet1passions.com/archives/2023/09/24/40052360.html
Revoir la scène de la mère chez le Dr Corbin : http://www.milleet1passions.com/archives/2023/09/27/40055702.html
Revoir le non-remplacement du téléphone : http://www.milleet1passions.com/archives/2023/10/29/40090185.html
Revoir la punition en classe : http://www.milleet1passions.com/archives/2024/01/17/40177158.html
Revoir le mode de vie de Maïa : http://www.milleet1passions.com/archives/2024/01/17/40178214.html