Nirlik - Ivik évoque des souvenirs...!
(english below) Le lendemain matin de l'arrivée du cousin Ivik, tout le monde s'est retrouvé pour le petit-déjeuner avant que les cinq enfants ne s'en aillent rejoindre le bus scolaire et que le calme revienne autour de la table encombrée.
- Quel silence tout d'un coup ! déclare Ivik en riant.
- En effet, chaque matin, quand ils s'en vont ensemble à l'école, j'ai l'impression que c'est le calme après la tempête, répond Nirlik avec humour.
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Nilaq s'excuse :
- Je finis mes œufs et je file. Je suis désolé de ne pas rester plus longtemps à discuter avec toi Ivik, mais j'ai rendez-vous dans 10 minutes avec un acheteur potentiel pour un poulain.
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- C'est bien normal Nilaq, tu as une ferme à faire tourner pour ta famille et ça passe avant tout.
- Et puis, tu sais, Ivik a neuf ans de retard de sa vie et de celle de notre village à me raconter avant la fin de son petit-déjeuner, alors il ne va pas s'ennuyer ! ajoute Nirlik en plaisantant.
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Nilaq termine son repas et embrasse tendrement sa femme avant de sortir.
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Nirlik apporte la cafetière et remplit les tasses, puis Ivik et elle se mettent à parler du village. Il lui explique les derniers changements qui y ont eu lieu, son travail de professeur de physique-chimie à l'école secondaire durant la semaine, et aussi de son job d'animateur sportif pour les jeunes au centre communautaire le week-end, ce qui l'amène à descendre de temps en temps à Montréal pour la coordination avec deux associations sportives qui lui permettent d'obtenir des fonds pour l'équipement dont ils manquent cruellement là-haut.
Puis Nirlik lui pose des questions sur ses parents, lui expliquant que sa mère refuse toujours de quitter le village pour venir les visiter à la ferme.
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- Ta mère est toujours aussi fâchée après Saïla et toi parce que vous n'êtes pas revenues vivre au Nunavik après vos études ; mais tu sais, je crois qu'elle aime jouer à ça, parce que ça lui donne une impression de force vis-à-vis de vous deux, comme une emprise à distance. Il vaut mieux que tu ne prennes pas ombrage de son attitude. C'est aussi une manière pour elle de justifier le fait qu'elle ne veut pas bouger de chez elle et qu'elle est heureuse ainsi. Tu sais, elle parle souvent de vous deux avec fierté, même si elle ne te l'avouera jamais, ni à toi ni à ta sœur ; il faut l'entendre raconter que tu as un élevage de chevaux de course dans le sud et que ta sœur travaille pour le climat international !
Nirlik éclate de rire.
- Elle exagère : on n'élève pas des chevaux de course ici, mais des chevaux de selle et des chiens ! À qui raconte-t-elle ça ?
- Aux touristes ! Elle a beau vous faire la tête, elle est fière de toi et de Saïla.
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- Attends Ivik. Au sujet de Saïla justement, il faut que je te dise quelque chose. Tu te souviens lorsque nous étions à l'université et que nous sortions tous les trois, ou parfois toi avec Saïla.
- Bien sûr ! On a passé des super moments, confirme Ivik.
- Bon, eh bien, je dois t'avouer quelque chose. À l'époque, j'espérais que ça collerait entre vous deux, Saïla et toi.. Alors, j'essayais de la pousser vers toi. Pour y arriver, je lui ai même fait croire que j'en pinçais pour toi, parce que je connaissais son esprit de compétition ! Alors, voilà : la semaine qui a précédé la remise des diplômes, comme je savais que nous allions partir et peut-être bien ne plus te revoir avant un bon moment, c'est moi qui t'ai écrit un mot pour te donner un rendez-vous là où vous vous retrouviez habituellement tous les deux, au garage de l'université, et j'ai signé du nom de ma sœur (revoir ICI) ; mais je n'ai jamais réussi à la convaincre de se rendre là, alors mon plan a raté !
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Ivik se met à rire et rétorque :
- J'ai toujours su que c'était toi qui l'avait écrit, parce que même si vous aviez la même écriture, crois-moi que quand Saïla m'envoyait un mot pour me fixer un rendez-vous, c'était nettement plus autoritaire et impératif que ce que tu avais écrit, pour ne pas dire impérieux même !
Nirlik est stupéfaite.
- Mais alors, qu'as-tu pensé ?
- Je savais que tu essayais de me caser avec ta sœur, alors j'ai tout simplement trouvé ça adorable de ta part ! Bon, je t'avoue que je suis quand même allé au point de rendez-vous, parce que j'aimais beaucoup Saïla, mais je n'ai pas attendu pendant une demi-heure comme je devais le faire à chaque fois, parce qu'elle était toujours en retard. D'ailleurs, je n'ai jamais su si c'était pour me faire marcher ou bien parce qu'elle n'avait aucune notion de l'heure !!!
Nirlik éclate de rire.
- Avec elle, je crois que c'est un peu des deux !
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Ivik regarde sa montre et dit qu'il faut qu'il parte maintenant pour retourner à Montréal, sinon il risque de rater l'avion qui doit le ramener au Nunavik.
Nirlik se lève de sa chaise et pouffe de rire.
- Qu'est-ce qui te fait rire ? demande son cousin.
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- C'est de savoir que je vais dire tout à l'heure à ma sœur que tu savais très bien que ça ne pouvait pas être elle qui avait écrit ce mot pour le rendez-vous, et pourquoi !
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Un peu plus tard, juste avant d'appeler Saïla, Nirlik s'est assise et a repensé à cette époque où elles étaient l'une et l'autre deux étudiantes insouciantes et rieuses, Saïla toujours tout feu tout flamme, dynamique et prête à tout pour croquer dans la vie sans en perdre une miette, comme si elle voulait dépasser son handicap de toute son énergie. Et elle, Nirlik, plus pondérée et raisonnable, mais malgré tout toujours prête à la suivre, ainsi que cela avait été depuis leur petite enfance. "Que de bêtises avons-nous faites toutes les deux, surtout avec les idées farfelues de Saïla", se dit-elle en souriant à l'évocation de certains souvenirs qui leur avaient valu de nombreuses punitions !
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Puis elle saisit son téléphone et compose le numéro de sa jumelle en riant à l'avance.
- À nous deux, sœurette, j'ai quelque chose à te raconter au sujet de ton mémorable caractère, très reconnaissable, même quand tu écris !!!!
Bonne journée :-)
♥♥♥
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The morning after cousin Ivik's arrival, everyone gathered for breakfast before the five children went to join the school bus and calm returned around the cluttered table.
- What a silence all of a sudden! Ivik says with a laugh.
- Indeed, every morning, when they go to school together, I feel like it's the calm after the storm, Nirlik replies with humor.
Nilaq apologizes:
- I'll finish my eggs and I'm off. I'm sorry I can't stay longer to chat with you Ivik, but I have an appointment in 10 minutes with a potential buyer for a foal.
- That's quite normal Nilaq, you have a farm to run for your family and that comes first.
- And then, you know, Ivik has nine years of his life and that of our village to tell me before the end of his breakfast, so he won't be bored! Nirlik adds jokingly.
Nilaq finishes his meal and tenderly kisses his wife before going out.
Nirlik brings the coffee maker and fills the cups, then Ivik and she start talking about the village. He explains to her the recent changes that have taken place there, his work as a physics and chemistry teacher at the high school during the week, and also his job as a sports animator for young people at the community center on the weekends, which leads him to go down to Montreal from time to time to coordinate with two sports associations that allow him to obtain funds for the equipment that they sorely lack up there.
Then Nirlik asks him questions about his parents, explaining to him that her mother always refuses to leave the village to come and visit them on the farm.
- Your mother is still angry with you and Saïla because you didn't come back to live in Nunavik after your studies; but you know, I think she likes to play at it, because it gives her an impression of strength towards you two, like a hold from a distance. It's better that you don't take offense at her attitude. It's also a way for her to justify the fact that she doesn't want to move from her home and that she's happy like that. You know, she often talks about you two with pride, even if she'll never admit it to you or your sister; you should hear her say that you have a racehorse farm in the south and that your sister works for the international climate!
Nirlik bursts out laughing.
- She's exaggerating: they don't breed racehorses here, but saddle horses and dogs! Who is she telling that to?
- The tourists! She may be giving you the cold shoulder, but she's proud of you and Saïla.
- Wait, Ivik. About Saïla, I have to tell you something. Remember when we were at university and the three of us went out, or sometimes you and Saïla.
- Of course! We had a great time, Ivik confirms.
- Well, I have to tell you something. At the time, I hoped that you two would get along, Saïla and you. So, I tried to push her towards you. To do that, I even made her believe that I had a crush on you, because I knew how competitive she was! So, here it is: the week before graduation, since I knew we were going to leave and maybe not see you again for a while, I was the one who wrote you a note to make an appointment where you two usually met, at the university garage, and I signed my sister's name (see HERE); but I never managed to convince her to go there, so my plan failed!
Ivik starts laughing and retorts:
- I always knew it was you who wrote it, because even if you had the same handwriting, believe me, when Saïla sent me notes to make an appointment, it was much more authoritarian and imperative than what you had written, not to say imperious even!
Nirlik is stunned.
- But then, what did you think?
- I knew you were trying to set me up with your sister, so I just thought it was adorable of you! Well, I admit that I still went to the meeting point, because I really liked Saïla, but I didn't wait for half an hour like I had to do every time, because she was always late. Besides, I never knew if it was to make me walk or because she had no concept of time!!!
Nirlik bursts out laughing.
- With her, I think it's a bit of both!
Ivik looks at his watch and says that he has to leave now to go back to Montreal, otherwise he risks missing the plane that is supposed to take him back to Nunavik.
Nirlik gets up from his chair and laughs.
- What are you laughing at? asks her cousin.
- It's knowing that I'm going to tell my sister that you knew very well that it couldn't have been her who had written that note for the appointment, and why!