Nirlik - Souvenirs d'enfance de pêche sur glace
(english below) Aujourd'hui, durant leur visioconférence quasi-quotidienne, Nirlik et Saïla ont parlé de choses diverses, la grossesse de Saïla bien sûr, ainsi que des imbécilités de Trump, parce qu'on ne peut pas y échapper, puis une fois encore, elles ont évoqué des souvenirs de leur enfance.
- Tu te souviens quand on allait pêcher sur la glace avec Papa ? demande Nirlik à sa jumelle.
- Oh oui ! C'était des bons moments. Et tu te souviens du jour où on avait fait l'école buissonnière parce qu'on savait qu'il y avait beaucoup d'ombles chevalier qui avaient été repérés sous la glace et qu'on espérait voir Papa en rapporter plein.
- Ah oui alors ! Maman était venue nous rejoindre parce qu'elle avait appris qu'on n'était pas en classe cet après-midi-là, et elle nous a promis une bonne correction à notre retour.
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Allongée sur le canapé, Saïla se met à rire.
- Oui, et comme elle était venue avec des chiens qui n'arrêtaient pas de se rouler dans la neige et de courir en aboyant, Papa ronchonnait qu'ils allaient faire fuir les poissons et qu'on aurait l'estomac vide pour aller se coucher et que ça serait de sa faute !
- Absolument et Maman a dit que ça ne serait pas la faute des chiens, mais la nôtre, parce que si on avait été à l'école, elle ne serait pas venue déranger Papa qui pêchait !
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Les jumelles rient de bon cœur en se souvenant de ce jour-là, même s'il s'est avéré que la pêche du jour avait effectivement été bien maigre et le souper bien petit ce soir-là (voir en bas****).
Sans compter la punition reçue qui leur interdisait de flâner en sortant de l'école pendant une semaine, et l'obligation de rester à la maison le samedi et le dimanche suivant.
Leur mère avait décidé que ses filles feraient des études "chez les blancs" et reviendraient ensuite au village pour apporter du modernisme à la communauté, et elle veillait sérieusement à ce que les jumelles travaillent fort à l'école. Malheureusement pour elle, les filles ont bien fait les études escomptées, mais une fois diplômées universitaires, elles sont parties vivre loin du Nunavik : Nirlik au sud du Québec avec Nilaq, et Saïla en Bretagne avec Yvonnick, attirant ainsi le ressentiment de leur mère qui leur reproche d'avoir abandonné leur communauté inuite.
Plongées dans leurs souvenirs, les jumelles se repassent mentalement la scène comme si c'était hier ; elles avaient 9 ans, c'est déjà si loin.
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Nirlik se revoit près de leur père qui ronchonne au sujet des chiens qui aboient et courent.
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Et Saïla entend sa mère derrière elle, qui rétorque que c'est la faute des filles si elle est là avec les chiens.
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Leur conversation terminée, les jumelles raccrochent et Nirlik se met à préparer le goûter des enfants qui vont bientôt rentrer de l'école. Elle a un sourire accroché au visage.... leur enfance était dure là-haut, mais que de bons souvenirs elles en ont gardé !
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Bonne journée :-)
♥♥♥
**** C'était comme ça, il y a 20 ans de cela, la nourriture dépendait en grande partie de la pêche et de la chasse pour nourrir les familles du Nunavik et du Nunavut qui devaient se coucher le ventre vide si rien n'était rapporté à la maison.
Et, en raison des prix exorbitants de la nourriture des blancs dans l'épicerie du village (dus aux coûts d'acheminement par avion depuis Montréal pendant 8 mois, et par camions pendant 4 mois sur la seule et unique route que le Québec a construite pour rejoindre le Nunavik) c''est malheureusement encore souvent ainsi au Nunavik de nos jours.
Par exemple, vous verrez ICI des prix totalement délirants photographiés dans une épicerie il y a 10 ans de cela, depuis, ajoutez-y l'inflation.
Beaucoup d'inuits canadiens se nourrissent toujours essentiellement grâce à leur pêche et leur chasse, et l'insécurité alimentaire est le quotidien de 84 % des Inuits du Nunavik comme vous pourrez l'entendre dans cette vidéo de Radio-Canada de 2023 : ICI
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Today, during their almost daily videoconference, Nirlik and Saïla talked about various things, Saïla's pregnancy of course, as well as Trump's stupidities, because we can't escape it, then once again, they recalled memories from their childhood.
- Do you remember when we went ice fishing with Dad? Nirlik asks his twin.
- Oh yes! Those were good times. And do you remember the day we played hooky because we knew that there were a lot of Arctic char that had been spotted under the ice and we were hoping to see Dad bring back a lot of them.
- Oh yes! Mom had come to join us because she had learned that we weren't in class that afternoon, and she promised us a good beating when we got back.
Lying on the couch, Saïla starts laughing.
- Yes, and since she had come with dogs that kept rolling around in the snow and running around barking, Dad grumbled that they would scare away the fish and that we would have empty stomachs to go to bed and that it would be her fault!
- Absolutely and Mom said that it would not be the dogs' fault, but ours, because if we had been at school, she would not have come to disturb Dad who was fishing!
The twins laugh heartily as they remember that day, even if it turned out that the catch that day had indeed been very meager and the supper that evening very small.
Not to mention the punishment they received which forbade them from hanging around after school for a week, and the obligation to stay home the following Saturday and Sunday.
Their mother had decided that her daughters would study "with the whites" and then return to the village to bring modernism to the community, and she made sure that the twins worked hard at school. Unfortunately for her, the girls did the studies she expected, but once they graduated from university, they left to live far from Nunavik: Nirlik in southern Quebec with Nilaq, and Saïla in Brittany with Yvonnick, thus attracting the resentment of their mother who blames them for having abandoned their Inuit community.
Immersed in their memories, the twins mentally replay the scene as if it were yesterday; they were 9 years old, it's already so long ago.
Nirlik sees himself next to their father who grumbles about the dogs barking and running.
And Saïla hears her mother behind her, who retorts that it's the girls' fault if she's there with the dogs.
Their conversation over, the twins hang up and Nirlik starts preparing the snack for the children who will soon be home from school. She has a smile on her face.... their childhood was hard up there, but what good memories they have kept!
Have a nice day :-)
♥♥♥