Un beau samedi matin - La gaffe de Mme Tremblay
Mathieu a remarqué que Maïa avait une petite faiblesse en calcul. Ayant appris que la fille de Mme Tremblay donnait des cours de soutien pour les élèves de primaire (comme beaucoup d'étudiants suite au retard pris par les écoliers avec les six semaines de grève des enseignants en fin d'année dernière), il a fait appel à ses services.
Justine Tremblay vient donc le samedi matin depuis trois semaines. Maïa, qui était réticente au début, a été conquise par cette jeune fille, à la fois sérieuse et drôle, qui sait lui donner confiance en elle.
Bien que ça soit la semaine de vacances, elle est encore venue ce matin. La leçon terminée, elle vient voir Mathieu, accompagnée de Maïa qui affiche un air réjouit qui démontre que tout s'est bien passé.
- Maïa a rattrapé son retard en calcul, et nous avons travaillé ce matin sur l'écrit et le vocabulaire, mais elle n'en a pas beaucoup besoin. Je pense que je n'aurai bientôt plus de raisons de continuer à venir lui donner ces leçons de soutien, annonce Justine à Mathieu.
- Oh si ! Je veux que tu viennes encore, on travaille en s'amusant avec toi, et je comprends tout mieux qu'à l'école, s'écrie Maïa en se serrant contre la jeune fille.
Mathieu est très étonné car, habituellement, la fillette n'est ni spontanée ni expansive.
- Continuez à venir pour le moment, Justine. Tout au moins si cela ne vous prend pas trop de temps, lui dit-il.
- Absolument pas, ça ne me pose aucun problème, En plus Maïa est adorable. J'aurais bien aimé avoir une petite sœur comme elle, alors c'est un vrai plaisir pour moi de venir la faire travailler.
Mathieu se lève du canapé pour lui payer la leçon du jour.
Leurs regards s'accrochent.
"Je n'avais pas remarqué à quel point elle a des yeux magnifiques. Comment une femme aussi ordinaire que Mme Tremblay a-t-elle pu avoir une fille aussi ravissante ?!" se demande Mathieu en lui-même.
Justine prend les billets et remercie.
À cet instant, Mme Tremblay arrive, mettant fin à leur dialogue.
Elle vient voir si sa fille a terminé, car elle-même ne travaille ici que du mardi matin au samedi midi, et elle va repartir avec Justine.
- Oui, M'man, on a fini, on peut y aller.
Mme Tremblay se tourne vers Thomas.
- J'vous ai toute préparé jusqu'à lundi soir. Comme d'habitude, c't'au frigidaire et au congélateur. Et pi y'a une tarte aux framboises dans l'four, vot'Prune, è' sait quand la sortir. C'est-tu qu'est débrouillarde vot' petite, l'aime bien v'nir dans la cuisine.
Thomas est plongé dans la lecture d'un compte rendu postopératoire suite à une intervention qui a eu lieu sur un de ses patients. Il replace posément les documents qu'il a dans les mains et répond à la brave femme.
- Tout est parfait alors. Mme Tremblay ; je vous souhaite une bonne fin de semaine.
Mais Mme Tremblay ne s'en va pas immédiatement, elle veut ajouter quelque chose.
- Vot'fille, lé ben fine ! Lé v'nue m'voir pour savoir si ça m'dérangerait si y'avait un pitou aussi, comme sa cousine. È' voulait savoir si ça m'f'rait pas trop d'ouvrage si qu'vous lui achetiez un autre pitou. C't'un vrai p'tit sucre à la crème, vot'Prune ! Coudonc, c'est-tu pas tous les enfants qui s'raient fins comme elle et qui s'inquiètent pour l'ouvrage qu'ils donnent.
Mathieu prend le temps d'enlever ses lunettes.
- C'est vrai, ce ne sont pas tous les enfants qui auraient demandé ça, et je suis fier d'elle. Mais je ne savais pas que ma fille voulait avoir un chien elle aussi !
Justine se penche vers sa mère.
- Maman, je crois que tu as vendu la mèche au sujet du chien !
- Mon p'tit sucre à la crème, j'chu toute contrite... j'pensais qu'vous en aviez parlé à vot' popa, s'écrie la brave femme d'un air désolé.
- P'a, je voulais t'en parler, mais tu étais occupé avec tes dossiers de patients. C'est que, moi aussi, j'aurais bien voulu avoir un chien rien qu'à moi qui dormirait avec moi, et à qui je pourrais apprendre à faire des choses. Et j'ai eu des bonnes notes, moi aussi, comme Maïa. Et Mme Tremblay a dit que ça ne le gênait pas s'il y avait deux chiens chez nous. Alors je voulais te demander si tu voulais bien. Parce que Maïa m'a dit qu'il y avait un autre gentil chien qui cherche une maison, la vétérinaire lui en a parlé quand elle y est allée avec tonton Mathieu. Dis, P'a, tu voudrais bien qu'on aille le voir ?
Mathieu se retient de rire en voyant Thomas faire face à la demande de Prune ; il a très envie de le taquiner, car son beau-frère avait fortement appuyé la demande de Maïa quand celle-ci voulait avoir un chien.
- Mon vieux, je vois mal comment tu pourrais résister à de tels arguments !!
Bien entendu, Thomas cède à l'offensive de charme de sa fille et à l'appui qu'elle reçoit de son oncle.
Et puis, se dit-il, c'est vrai que dans une maison de cette taille et avec un terrain aussi grand, ce ne sont pas deux petits chiens qui vont être dérangeants.
Aussitôt Prune se jette sur son père.
- P'a, t'es le meilleur P'a du monde !! Dis, tu peux téléphoner pour qu'on aille tout de suite le voir ?
À votre avis, qu'a fait Thomas ?!!!
De son côté, Maïa est ravie :
- Moi aussi j'ai le meilleur papa du monde, hein Tommy ? Parce que c'est grâce à lui que je t'ai avec moi maintenant.
En entendant ça, Mathieu en a les larmes aux yeux ; quel chemin parcouru depuis le jour où il a fait la connaissance de sa fille, si sauvage et méfiante.
C'était un beau samedi matin...
Maintenant, je me demande comment s'est déroulé le samedi après-midi. Prune et Thomas sont-ils allés chez la vétérinaire pour voir le chien ?
À suivre...
Bonne journée :-)
♥♥♥