La famille de Romina : Clara, soyez une femme émancipée !
Cet après-midi dans le petit salon.
Adeline contemplait la broderie qu'elle vient de terminer, sous l'œil admiratif de la jeune Sophia, lorsqu'elle demanda à sa belle-fille :
- Clara ma chère, mes amies du Mouvement pour l'émancipation des femmes organisent une marche jeudi après-midi. Marie Lacoste Gérin-Lajoie** sera avec nous et fera un discours sur l'égalité juridique et l'accès aux études supérieures. Voulez-vous vous joindre à nous ? Ainsi que les filles, d'ailleurs, puisqu'il s'agit également de leur avenir après-tout.
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- Vous savez bien que William n'apprécierait pas du tout que je participe à cette marche. Bien que je le ferais volontiers puisque j'appuie totalement le Mouvement et ses revendications.
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- Allons ma fille ! Nous sommes en 1910 après tout, soyez une femme émancipée, pensez à vos enfants et montrez leur l'exemple. Et si mon fils proteste, ne vous inquiétez pas : je saurai tout à fait comment lui rappeler qu'il n'a pas à nous dicter notre comportement.
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Bonne journée :-)
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** Marie Lacoste Gérin-Lajoie (1867-1945) est une pionnière du mouvement féministe au Québec, une juriste autodidacte, une réformiste sociale et une éducatrice.
Cette jeune fille de bonne famille étudie au couvent.
Elle s'intéresse au droit, mais les études universitaires sont réservées aux hommes.
Aussi, une fois ses courtes études terminées , elle étudie le droit par elle-même dans la bibliothèque juridique de son père, puis dans celle de son mari, Henri Gérin-Lajoie ; tous deux sont avocats et lui serviront de guides dans ses études autodidactes.
Les lectures lui font peu à peu prendre conscience de l'intolérable situation juridique de la femme mariée, le code civil alors en vigueur dans la province de Québec en faisant une perpétuelle mineure aux yeux de la loi. Elle publie alors en 1902 un Traité de droit usuel, destiné aux femmes, qui les renseigne sur leurs droits.
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C'est là que vous allez voir la stupidité du principe fédéraliste qui laisse la liberté à ses états/provinces de décider par elles-mêmes du Droit sur leur territoire provincial :
Les femmes canadiennes avaient obtenu le droit de vote FÉDÉRAL (le pays Canada) dès 1918, sous la pression des suffragettes.
Donc, les femmes avaient le droit de votre pour choisir par exemple le Premier Ministre du Canada, ou les députés fédéraux.
Mais............. la province de Québec leur refusait ce droit de vote, et elles n'avaient pas le droit de voter pour choisir le Premier Ministre du Québec ou les députés provinciaux, pas plus que les maires, etc.
De ce fait, Marie Lacoste Gérin-Lajoie a ardemment milité pour l’obtention du droit de vote pour les femmes dans la province de Québec. Et énergiquement, puisqu'en 1922, elle a même conduit une délégation de 400 femmes à l’Assemblée législative à Québec pour tenter d’influencer les parlementaires !
En vain car, le clergé, les journalistes, les politiciens et le Premier Ministre du Québec lui-même, s'opposent à ce droit .
Cet échec marque toutefois le début de la tradition du pèlerinage au Parlement, une marche des femmes pour le droit de vote, qui aura lieu annuellement de 1926 à 1940.
Mais il faudra tout de même attendre jusqu'à 1940 pour que les Québécoises obtiennent le droit de vote.
Décédée en 1945, Marie Lacoste-Gérin-Lajoie aura eu le temps d’être témoin de cette victoire pour lequel elle s’est tant battue.
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