La dernière "école de rang"
Si vous fréquentez ce blog régulièrement, vous avez déjà du comprendre que j'adore les lutins ! Mais autant ceux de Rosemarie Müller que les vrais petits lutins humains...
Alors, lorsque je vois un article qui montre des petits lutins humains qui vivent une belle vie, je le lis, et parfois je le partage avec mes copines, comme je vais le faire pour celui-ci.
Cet article parle de ce qui était autrefois appelé ici "une école de rang", c'est à dire une petite école primaire à la campagne.
Pourquoi "de rang" ? c'est parce qu'en Amérique du nord, à l'oringine de la colonisation, les terres avaient été divisées en rectangles, et que les routes qui les séparaient horozontalement et verticalement s'appelaient des Rangs, qui étaient numérotés dans chaque municipalité (appelées à l'époque "Paroisses"). Du reste, beaucoup de rues de villages et routes de campagnes portent toujours leurs noms d'origine, Troisième rang, Huitième rang, etc. On retrouve ces numérotations même en pleine ville, toutefois ceux-ci y ont été renommés "avenues", comme à Sherbrooke où on voit 1re avenue, 2e avenue, etc, ou encore à New-York, avec sa célèbre 5e avenue.
L' école qui est déccrite dans cet article est la dernière qui fonctionne ainsi au Québec.
Une manière qui va sans doute vous rappeller un peu l'école de "La petite maison dans la prairie", mais en version 2023.
C'est aussi dans une école de ce genre que vont mes lutins écoliers (les Wichtel).
L’école primaire Soulanges, à Saint-Télesphore, en Montérégie, est la dernière école de rang du Québec. Et cette année, elle compte un nombre record d’élèves, soit 29, de la maternelle à la 6e année. Incursion dans un établissement centenaire qui défie le temps.
« Prochain mot : une é-toile. Les première année, ça commence avec un e accent aigu, qu’on travaille cette semaine ! », lance l’enseignante Marie-Helen Townshend à la quinzaine d’élèves concentrés sur leurs cartes de bingo.
Le-houx-avec-son-h-muet, la mère Noël et le renne sont illustrés sur les grilles des petits de la maternelle, mais celles des élèves de première et deuxième année n’affichent que des mots.
« C’est la même activité, avec des niveaux différents, résume Mme Townshend. Mais s’il y en a un qui a beaucoup de difficulté, je vais lui montrer la carte avec le dessin : si un élève a eu de la difficulté à apprendre l’alphabet la première fois, il va le revoir en deuxième ou troisième année parce qu’on l’enseigne aux autres. Ça fait un renforcement. »
La porte de côté s’ouvre, laissant entrer les plus vieux pour la période d’art dramatique. Tous les enfants se retrouvent alors dans la même classe multi-niveaux, comme en 1919, lorsque la bâtiment a été construit et inauguré.
Au milieu du mur du fond, entre le tableau blanc et l’écran géant, un placard cache l’emplacement de l’ancienne cheminée. Mais ne cherchez pas le poêle à bois : avec ses petites tables en demi-lune et son environnement multicolore, le décor ressemble à celui de n’importe quelle classe de primaire québécoise.
Cette petite école située à quelques minutes de la frontière ontarienne a bien failli ne pas se rendre au XXIe siècle.
Au début des années 1990, la commission scolaire Lakeshore, dont elle faisait alors partie, a voulu la fermer pour réduire ses dépenses. La communauté s’est retroussé les manches, et a agrandi le bâtiment à ses frais, à coups de dons en argent, en temps, en biens et en services. Résultat, 29 élèves admissibles à l’enseignement en anglais la fréquentent cette année. De mémoire, c’est un record. « Le plus qu’on ait jamais eu, c’est 26 », souligne Mme Townshend, qui enseigne ici depuis 18 ans. Saint-Télesphore comptant moins de 800 habitants, les élèves viennent de Les Coteaux, Saint-Zotique, Saint-Polycarpe, Sainte-Justine-de-Newton et Rivière-Beaudette, sur le territoire de la commission scolaire Lester-B.-Pearson.
« On m’avait dit que c’était une belle vieille école. J’adore la structure de jeu ! », s’exclame Jack McGregor-Smith entre deux glissades. Inscrit en première année, il représente la cinquième génération de sa famille à étudier ici. Son petit frère le rejoindra bientôt en maternelle. Il ne sera pas le seul. Sur 29 élèves, on compte une famille de quatre enfants, trois fratries de trois, et plusieurs familles de deux.
Everlie, 11 ans, a fréquenté une école traditionnelle avant d’arriver ici l’an dernier. « C’était bizarre, parce qu’il n’y avait pas beaucoup de gens », raconte cette élève qui s’est retrouvée à être la seule fille en cinquième année. « En premier, c’était difficile, mais je suis contente », témoigne celle qui aime « que les professeurs ne changent pas chaque année » et trouve « plus facile » d’apprendre dans cet environnement où se côtoient plusieurs niveaux.
Soulanges étant une école bilingue, le temps d’enseignement est réparti à peu près également entre l’anglais et le français. Kate Clare, que les enfants appellent Miss Clare, enseigne l’anglais, les maths et l’éthique, alors que Mme Townshend transmet les autres matières en français.
Les élèves sont divisés en deux groupes d’âge. Les enseignantes se retrouvent donc devant de petites classes, mais doivent y enseigner plusieurs niveaux simultanément.
« Nous faisons de la différenciation pédagogique sur les stéroïdes », blague Miss Clare. La différenciation pédagogique, une approche prônée par Québec, demande de s’ajuster aux capacités, besoins et intérêts des élèves. Lorsque Miss Clare présente les notions de mathématiques de sixième année, les plus jeunes les entendent aussi.
« Pour les enfants qui apprennent plus vite, c’est bien parce qu’ils ne s’ennuient pas. Ils sont stimulés, les plus vieux aident les plus jeunes », constate l’enseignante anglophone.
« C’est beaucoup plus de planification : chaque jour, on a sept niveaux à préparer, puisqu’on voit les deux classes », note toutefois Mme Townshend.
« Si vous enseignez la troisième année durant toute votre vie, vous pouvez travailler avec le même roman. Moi, je ne peux pas utiliser l’histoire de l’an dernier, ils l’ont déjà entendue », ajoute sa collègue.
C’est l’heure de la récréation, les enfants se précipitent dans la cour. La petite école de rang n’ayant pas de gymnase, c’est aussi dehors qu’ils suivent leurs cours d’éducation physique. Lorsque les terres voisines se couvriront de neige, les jeunes auront l’embarras du choix. Le champ d’en face, sur le chemin Saint-Georges, sert pour la raquette et le ski de fond. Et de l’autre côté, le long de la route 325, la butte est parfaite pour la glissade...
Dans les années 50, il restait 5125 "écoles de rangs" comme celle-ci au Québec (n'oubliez pas de multiplier les chiffres par 10 pour vous faire une idée d'équivalence avec la France, puisque nous ne sommes que 7 millions !), et celle-ci est la dernière. Serait-il envisageable de faire un rapprochement avec la dégringolade des acquis des enfants en primaire ?
Quoi qu'il en soit, et n'ayant pas du tout envie de rentrer dans ce genre de sujet complexe, je me contente d'admirer le fonctionnement de cette école, dont je me suis largement inspirée pour inventer celle où vont mes lutins Wichtel.
Bonne journée :-)
♥♥♥