Le journal de Rose... et de bien étranges coïncidences avec le présent
(english below)
Suite de l'épisode précédent ICI
Quand Belle est arrivée chez Nirlik mardi en début d'après-midi, elle a éclaté de rire en voyant la pile de brioches à la cannelle qui les attendaient.
- Crois-moi, il faut bien tout ça pour écouter les aventures de ton ancêtre, surtout qu'il y a du nouveau qui va sûrement rendre ton histoire encore plus passionnante, lui expliqua Nirlik.
- Oui, attends-toi à une surprise, confirme Jessica qui venait d'arriver elle aussi et installait Malo dans la chaise haute.
- Vite, dis-moi ! C'est quoi ?
- Imagine-toi que j'en ai parlé à mon mari, de ton ancêtre Rose, et qu'il m'a dit que son ancêtre à lui, c'était l'esclave en fuite qui avait travaillé dans la grande maison bleue du bout du village !
- Non.... Ce n'est pas possible ! Quelle coïncidence, s'exclame Belle. Tu en es certaine ?
- Absolument. Ils le savent tous dans sa famille : elle est arrivée ici grâce au "chemin de fer" clandestin qui faisait passer les esclaves en fuite et elle a vécu dans la maison bleue pendant plusieurs années avant que son frère la rejoigne (revoir ICI et ICI), après il a travaillé chez un fermier (revoir ICI) qui lui a vendu une petite parcelle de sa terre dont il ne voulait pas parce qu'elle était trop pleine de rochers. Et c'est là que nous habitons, juste en face de chez toi. Notre maison y a été construite en 1980, mais c'est la troisième maison qui était construite sur cette terre. C'est amusant parce qu'à chaque fois, elles ont été construites un peu plus proche de la route.
- Allez les filles, installez-vous qu'on prenne notre café et nos brioches en écoutant cette histoire qui m'a tout l'air de devenir passionnante si vos ancêtres se sont connues.
Belle s'installe et sort les cahiers du journal intime de Rose.
- Je vais vous en lire des passages, mais pas tous, parce qu'il y en a certains qui me font trop monter les larmes aux yeux.
Elle sort également une pile de photos.
- Voilà des photos qui étaient dans la même malle que les cahiers. La photo de mariage de Rose, celle avec son mari et les enfants qu'ils ont eu par la suite. Vous verrez beaucoup des personnes dont parle Rose dans son journal, ses amies Adrienne, l'ancienne esclave, donc l'ancêtre de ton mari, Jessica, et Joséphine, la française, la famille McGill, lui était l'associé du père de Rose, et elle et sa fille étaient des vraies pestes qui ont empoisonné la vie de Rose à l'école pendant un moment. Et puis, il y a aussi les voisins, avec lesquels son frère et sa sœur se sont mariés, les Andersen, des colons qui venaient du Danemark.
- Quel nom viens-tu de dire ? demande Nirlik d'un air stupéfait.
- Andersen. C'était des fermiers qui avaient les terres qui jouxtaient la maison bleue de Rose. Ils étaient très amis
- Andersen, c'est le nom de famille du père biologique de Nilaq, et il était le descendant de fermiers Danois qui avaient cette terre-ci, où nous sommes actuellement !
- Ce n'est pas possible, parce que les Andersen dont elle parle dans son journal habitaient près de chez elle, ils allaient à pied de chez les uns et les autres. C'est au sud-est du village, et ici, on est au sud-ouest.
- Si c'est possible, parce que les Andersen avaient toutes les terres le long de la rivière, ils en ont revendu la moitié des terre du côté Est au moment de la grande dépression de 1929 parce qu'ils ne pouvaient plus payer les taxes. Ils ont gardé la moitié Ouest, où ils avaient construit la maison où nous sommes pour leur fils ; ils étaient vieux et sont allés habiter chez lui. Tu vois, c'est bien la même famille.
Belle est abasourdie.
- C'est totalement incroyable cette histoire.
- Des coïncidences complètement folles, en effet ! confirme Jessica.... En fait, nous sommes déjà liées toutes les trois par nos ancêtres, et voilà qu'on se rencontre et qu'on devient amies. C'est vraiment fou.
Nirlik se lève.
- Chez nous, les Inuits, on croit beaucoup aux esprits de nos ancêtres. Alors peut-être que notre rencontre et notre amitié n'est pas fortuite.
- Bon, eh bien, avant de commencer à penser à parler de fantômes, je propose qu'on attaque les brioches, s'écrie Jessica en riant, à la fois parce qu'elle est gourmande, et aussi parce qu'elle ressent presque un frisson à l'idée de ces curieuses coïncidences.
Après avoir fait honneur aux brioches tout en papotant de leurs incroyables découvertes, les trois jeunes femmes se sont soigneusement nettoyé les mains pour ne pas salir les documents anciens, et Belle a commencé à leur lire des passages du journal de Rose, en leur passant les photos qui leur montraient le portrait des personnes mentionnées.
Tour à tour, pendant deux heures, elle leur a lu des pages de 1870 et 1871.
La vie de tous ces personnages se déroulait devant leurs yeux, comme si elles y étaient. Et, suspendues aux lèvres de Belle qui leur contait ces vies, elles avaient presque l'impression d'y participer vraiment. Elles perdaient la notion du temps, imprégnées par le souvenir de ces femmes du passé et de leurs sentiments, joies, larmes, amusement, colère, plaisir, les envahissait tour à tour, les emportant dans une espèce d'univers intemporel auprès de personnages dont elles se sentaient de plus en plus proches. À tel point que Rose, Joséphine ou Adrienne seraient entrées à ce moment-là dans la cuisine qu'elles n'en auraient même pas été étonnées.
Belle a continué jusqu'au moment où elle est arrivée à ce jour :
Extrait du journal de Rose - 22 novembre 1871
...[ Mon tendre aimé, cette journée m'a semblé ne jamais vouloir finir. Imagine-toi qu'une nouvelle ahurissante a balayé le village au lever du jour ce matin : Mme McGill a quitté son mari, elle est retournée vivre dans sa famille à Toronto ! Sans tambours ni trompettes, elle a fait préparer ses malles et celles de ses filles dans la plus grande discrétion, et elles sont parties hier après-midi pendant l'absence de Monsieur McGill. C'est sa domestique qui en fait part à Nils et Erika ce matin en plein milieu du magasin général, avec les clients qui tendaient l'oreille pour ne pas perdre un mot de l'affaire. Tu imagines bien les commérages qui s'en sont suivi, et qui n'ont pas épargné l'école, me laissant à gérer les questions des enfants et leur agitation à l'idée que Mellie et Léna ne reviendraient plus dans la classe, et surtout ceux qui m'ont demandé alors si mon propre mari allait revenir. Cette question, qui m'a été posée deux fois par des élèves âgés, m'a littéralement abattue.
Je t'avoue que je suis lasse de m'entendre dire que je dois tourner la page et passer à "autre chose" comme ils disent tous pudiquement. "Autre chose" pour eux, ça veut dire t'oublier, et ça je ne le pourrai jamais, parce que je sais que tu es toujours vivant, je le sais au plus profond de mon âme et de mon cœur. Mais comment leur faire comprendre ça : ils me prennent tous pour une folle, et je sais que certains ont même demandé que je ne sois plus maîtresse d'école à cause de cela. Il est clair que mon statut ambigu, qui est à la fois celui d'une femme célibataire, comme il se doit pour ce métier, ainsi que celui de mère et pas tout à fait celui de veuve, ce que je refuse, cela les dérange de plus en plus. Heureusement, le maire, Monsieur McGill, a toujours continué à me soutenir, mais je sens bien qu'il lui devient difficile de justifier ce qu'ils appellent mon "entêtement".
Ce soir, j'étais fatiguée en revenant de l'école. Et triste devant la maison devenue vide après tous ces départs qui se sont succédé si rapidement ces derniers mois. Mais de savoir que ma sœur Liliane est heureuse dans son nouveau foyer de jeune mariée qui attend avec joie un heureux évènement, même si le mariage a dû se faire anormalement rapidement, et que Narcisse est comme un coq en pâte dans le sien, cela compense le silence de leur absence.
J'ai reçu une lettre de Joséphine ce matin. Elle raconte leur installation à Québec et la gentillesse des patients de son époux. Elle semble parfaitement heureuse, et cela me fait tellement plaisir pour mon amie.
Après le souper, à l'heure de nous séparer pour la nuit, j'ai remarqué le regard d'Adrienne s'éclairer d'une étincelle lorsqu'elle m'a vu apporter ce journal où je t'écris chaque soir, devant ta photo et celle de notre mariage. Je n'ai pu me retenir de lui demander si elle aussi me prenait un peu pour une folle.
"Jamais de la vie. Tu es fidèle à ton mari, et rien n'a jamais pu prouver jusqu'ici qu'il ne reviendra pas. Je t'admire, et j'espère un jour vivre un amour aussi fort que le tien", m'a-t-elle répondu.
Cela peut te paraitre un peu puéril, mais sa réponse m'a rassurée. Au même instant, j'ai entendu Jane s'exclamer : "Non, tante Rose, ne renonce pas à espérer, parce que je suis certaine que ton espoir est assez fort pour arriver à faire revenir oncle Nicholas".
"Tu vois, nous savons que tu n'es pas folle, continue à lui écrire dans ton journal, ainsi quand il reviendra, il pourra le lire et il sera au courant de tout ce qu'il a manqué dans le village pendant son absence" m'a taquinée Adrienne. Puis elle a ajouté : " Allez petite Jane, c'est l'heure que tu ailles te coucher, et que moi, je rentre chez mon frère, laissons Rose seule maintenant".
"Merci à vous deux" leur ai-je simplement répondu. Leur sollicitude m'avait remonté le moral, et je me sentais à nouveau prête à faire face à tout le village, et à patienter encore autant de temps que Dieu voudra que j'attende jusqu'au jour de ton retour.
Maintenant, c'est à mon tour d'aller dormir, regrettant ce soir encore que tu ne sois pas auprès de moi pour que je m'endorme dans tes bras comme nous aimions le faire. Mais j'ai confiance, cela reviendra un jour.
Bonne nuit mon amour.
]...
La voix de Belle était enrouée. Très émue lors de certains passages, elle avait dû toussoter pour s'éclaircir la voix et se tamponner discrètement les yeux, mais cette fois, elle avait du mal à continuer.
Nirlik et Jessica ne prononçaient pas un mot, et curieusement, les deux bébés semblaient suspendus eux-aussi aux lèvres de Belle qui racontaient jour après jour l'amour de son aïeule pour son mari. Les deux heures passèrent aussi vite que quelques minutes.
Le charme a duré jusqu'au moment où le téléphone de Nirlik a vibré sur le plan de travail de l'ilot de cuisine. Se levant à regret, elle est allée le prendre et après un rapide regard, dans un soupir, elle leur a annoncé :
- Les amies, c'est le temps de revenir au présent : il est l'heure d'aller chercher nos enfants à la descente de l'autobus scolaire.
- Allez Annelle, tu entendras la suite de l'histoire de ton ancêtre la prochaine fois.
- Toi aussi Malo, tu entendras parler de ton ancêtre dès mardi prochain.
Elle a ajouté :
- Et j'ai bien hâte d'y être.
Bonne journée :-)
♥♥♥
Continuation of the previous episode HERE
When Belle arrived at Nirlik's early Tuesday afternoon, she burst out laughing when she saw the pile of cinnamon buns waiting for them.
- Believe me, it takes all that to listen to your ancestor's adventures, especially since there's something new that will surely make your story even more exciting, Nirlik explained to her.
- Yes, expect a surprise, confirmed Jessica, who had also just arrived and was installing Malo in the high chair.
- Quick, tell me! What is it?"
- Imagine that I told my husband about your ancestor Rose, and he told me that his ancestor was the runaway slave who had worked in the big blue house at the end of the village!
- No... It can't be! What a coincidence," exclaimed Belle. Are you sure?
- Absolutely. They all know it in her family: she arrived here thanks to the underground "railway" that helped escaped slaves and she lived in the blue house for several years before her brother joined her (see HERE and HERE); he worked for a farmer (see HERE) who sold him a small plot of his land that he didn't want because it was too full of rocks. And that's where we live, right across from your house. Our house was built there in 1980, but it's the third house that was built on this land. It's funny because each time, they were built a little closer to the road.
- Come on girls, sit down so we can have our coffee and our buns while listening to this story that seems to me to become fascinating if your ancestors knew each other, advises them Nirlik.
Belle sits down and takes out the notebooks of Rose's diary.
- I'm going to read you some passages, but not all of them, because there are some that make my eyes water too much.
She also takes out a pile of photos.
- Here are some photos that were in the same trunk as the notebooks. Rose's wedding photo, the one with her husband and the children they had later. You'll see many of the people Rose talks about in her diary, her friends Adrienne, the former slave, so your husband's ancestor, Jessica, and Joséphine, the French one, the McGill family, he was Rose's father's partner, and she and her daughter were real pests who poisoned Rose's life at school for a while. And then there are also the neighbors, whom her brother and sister married, the Andersens, settlers who came from Denmark.
- What name did you just say? Nirlik asks, looking astonished.
- Andersen. They were farmers who had the land next to Rose's blue house. They were very good friends
- Andersen, that's the last name of Nilaq's biological father, and he was descended from Danish farmers who had this land here, where we are now!
- It's not possible, because the Andersens she talks about in her diary lived near her house, they walked from each other's houses. It's southeast of the village, and here, we're southwest.
- Yes it is possible, because the Andersens had all the land along the river, they sold half of the land on the east side at the time of the great depression of 1929 because they could no longer pay the taxes. They kept the west half, where they had built the house where we are now for their son; they were old and went to live with him. You see, it's the same family.
Belle is stunned.
- This story is totally incredible.
- Completely crazy coincidences, indeed! Jessica confirms.... In fact, the three of us are already linked by our ancestors, and here we are meeting and we becoming friends. It's really crazy.
Nirlik stands up.
- In our Inuit, we believe a lot in the spirits of our ancestors. So maybe our meeting and our friendship is not fortuitous.
- Well, before we start thinking about talking about ghosts, I suggest we attack the buns, Jessica exclaims, laughing, both because she is greedy, and also because she almost feels a shiver at the thought of these curious coincidences.
After honoring the buns while chatting about their incredible discoveries, the three young women carefully cleaned their hands so as not to dirty the old documents, and Belle began to read them passages from Rose's diary, passing them when necessaery the photos that showed them the portraits of the people mentioned.
In turn, for two hours, she read them pages from 1870 and 1871.
The lives of all these characters unfolded before their eyes, as if they were there. And, hanging on Belle's lips as she told them these lives, they almost felt like they were really taking part in them. They lost track of time, imbued with the memory of these women from the past and their feelings, joys, tears, amusement, anger, pleasure, invading them in turn, carrying them away into a kind of timeless universe with characters to whom they felt closer and closer. So much so that if Rose, Joséphine or Adrienne had entered the kitchen at that moment, they would not have even been surprised.
Belle continued, until she arrived at this day:
Excerpt from Rose's diary - November 22, 1871
...[ My dear beloved, this day seemed to me to never want to end. Imagine that astonishing news swept through the village at daybreak this morning: Mrs. McGill had left her husband, she had returned to live with her family in Toronto! Without fanfare, she had her trunks and those of her daughters packed in the greatest secrecy, and they left yesterday afternoon while Mr. McGill was away. It was her maid who told Nils and Erika this morning in the middle of the general store, with the customers straining their ears so as not to miss a word of the affair. You can imagine the gossip that followed, and which did not spare the school, leaving me to deal with the children's questions and their agitation at the idea that Mellie and Léna would no longer be returning to the class, and especially those who asked me then if my own husband was going to come back. This question, which was asked of me twice by older students, literally knocked me down.
I confess that I am tired of hearing that I have to turn the page and move on to "something else" as they all say so coyly. "Something else" for them means forgetting you, and I will never be able to do that, because I know that you are still alive, I know it deep in my soul and my heart. But how can I make them understand that: they all think I am crazy, and I know that some have even asked that I no longer be a schoolteacher because of that. It is clear that my ambiguous status, which is both that of a single woman, as is proper for this profession, as well as that of a mother and not quite that of a widow, which I refuse, bothers them more and more. Fortunately, the mayor, Mr. McGill, has always continued to support me, but I feel that it is becoming difficult for him to justify what they call my "stubbornness".
Tonight, I was tired when I came back from school. And sad in front of the house that has become empty after all these departures that have followed one another so quickly in recent months. But knowing that my sister Liliane is happy in her new home, as a young bride who is joyfully awaiting a happy event, even if the wedding had to happen abnormally quickly, and that Narcisse is like a cock in dough in his, that compensates for the silence of their absence.
I received a letter from Joséphine this morning. She tells us about their move to Quebec and the kindness of her husband's patients. She seems perfectly happy, and that makes me so happy for my friend.
After supper, when it was time to part for the night, I noticed Adrienne's eyes light up with a spark when she saw me bring this journal in which I write to you every evening, in front of your photo and the one from our wedding. I couldn't help but ask her if she also thought I was a little crazy.
- Never in my life. You are faithful to your husband, and nothing has ever been able to prove so far that he will not come back. I admire you, and I hope one day to experience a love as strong as yours, she answered me.
It may seem a little childish to you, but her answer reassured me. At the same time, I heard Jane exclaim: "No, Aunt Rose, do not give up hope, because I am sure that your hope is strong enough to bring back Uncle Nicholas".
- You see, we know that you are not crazy, continue to write to him in your diary, so when he comes back, he will be able to read it and he will know everything he missed in the village during his absence, teased me Adrienne. Then she added: "Come on little Jane, it is time for you to go to bed, and for me to go back to my brother's, let's leave Rose alone now".
- Thank you both, I simply replied. Their tender concern had lifted my spirits, and I felt ready again to face the whole village, and to wait as long as God wants me to wait until the day of your return.
Now it's my turn to go to sleep, regretting again tonight that you are not with me so that I can fall asleep in your arms as we loved to do. But I trust, it will come back one day.
Good night my love...
]...
Belle's voice was hoarse. Very moved at some points, she had to cough to clear her throat and discreetly dab her eyes, but this time, she had trouble continuing.
Nirlik and Jessica didn't say a word, and curiously, the two babies also seemed to be hanging on Belle's lips as she recounted day after day the love their ancerstor had for her husband. The two hours passed as quickly as a few minutes.
The charm lasted until Nirlik's phone vibrated on the kitchen island counter. Getting up reluctantly, she went to pick it up and after a quick glance, with a sigh, she announced to them:
- Friends, it's time to come back to the present: it's time to pick up our children from the school bus.
- Come on Annelle, you'll hear the rest of your ancestor's story next time, Belle announced to her daughter as she took her out of the stroller.
- You too Malo, you'll hear about yours next Tuesday, Jessica added as she picked up her son.
She added:
- And I can't wait to be there.
Have a nice day :-)
♥♥♥