Le journal de Rose - Adrienne perd son travail
Lorsque Adrienne est arrivée au Canada, elle cherchait du travail et un logement. À cette époque, le magasin général de la petite ville où ses pas l'avaient conduite, tout près de la frontière, cherchait une vendeuse et l'avait immédiatement embauchée car elle savait parfaitement lire, écrire et compter.
De son côté, la jeune institutrice Rose venait de perdre son mari et son père, et se trouvait avec son jeune frère et sa jeune soeur à charge, en plus de son propre bébé. Elle avaiit de la place dans sa grande maison, et cherchait quelqu'un susceptible de louer une chambre chez elle et de garder le bébé durant ses heures d'école, en alternance avec Joséphine, jeune femme d"origine Mexicaine, fraichement arrivée du sud-ouest, qui louait l'autre partie de la maison où elle avait installé son atelier de couture. Adrienne avait donc emménagé chez elle moyennent un loyer modique.
Tout allait bien, les 3 jeunes femmes étaient ravies de leur arrangement, et étaient devenues de véritables amies au fil des mois.
Toutefois, ce samedi midi, Adrienne est revenue de son travail en larmes : Nils, le propriétaire du magasin général venait de lui annoncer qu'il ne pouvait pas la garder car parmi les femmes des nouveaux habitants de la ville, il y en a beaucoup qui ne voulaient pas être servies par une vendeuse noire.
Rose et Joséphine l'ont fait asseoir, lui ont servi un bon thé chaud, et l'ont écouté raconter ce qu'il lui arrivait. Elles étaient choquées et révoltées de la décision du grand-oncle Nils.
Adrienne leur explique que ce n'est pas vraiment la faute de Nils, mais qu'il ne peut pas faire autrement : la petite ville a beaucoup grandi depuis un an, et l'ambiance bon enfant des débuts a changé. De plus, comme il y a un autre magasin général qui s'est ouvert à l'autre bout de la ville, si il ne veut pas perdre des clients et faire faillite, Nils ne peut pas laisser les clients s'en aller chez le concurrent. Elle leur explique qu'il était réellement désolé de lui annoncer sa décision, mais qu'il doit le faire, parce que le magasin général est tout ce qu'ils ont, Erika et lui, que c'est l'aboutissement du travail de toute leur vie, et qu'ils ne veulent pas tout perdre.
Elle est très inquiète de ce qu'elle va devenir. Mais ses amies la rassurent vite.
Joséphine dit :
- Comme j'ai maintenant besoin d'une employée plusieurs heures par semaine parce que j'ai beaucoup de commandes de vêtements, et que je sais que tu es habile avec une aiguille et du fil, tu vas pouvoir travailler avec moi. Ne t'en fais pas, j'ai connu ces réactions moi aussi : à cause de mes origines, on se méfiait de moi. jusqu'à ce que les dames de notre canton réalisent que je leur faisais les plus belles robes de la région sans qu'elles aient besoin d'aller à la grande ville ! Ça leur passera, tu verras.
Rose ajoute :
- Désormais, tu seras à plein temps à la maison ; comme Joséphine a de plus en plus de travail de couture, garder le bébé le matin, pendant que tu étais au magasin général, commençait à lui poser des problèmes, donc, tu vois, ça nous arrange que tu sois là toute la journée maintenant.
Pendant que les trois amies discutent et réorganisent leur avenir, Liliane et Narcisse qui faisaient la vaisselle du repas de midi discutent à voix basse ensemble :
- Comment peut-on reprocher ses origines à Joséphine, ou la couleur de sa peau à Adrienne ? c'est idiot, elles n'y sont pour rien ! dit-il à sa soeur.
- Je suis bien d'accord, les gens qui reprochent ça à quelqu'un sont de parfaits idiots ! c'est comme si on ne voulait pas nous donner de travail, quand on sera adultes, sous prétexte que nous avons les cheveux roux et les yeux verts comme notre père ! lui répond Liliane.
Par chance, pour le moment, tout semble s'arranger dans la vie d'Adrienne, grâce à la compréhension et l'ouverture d'esprit de la part de ses amis.
Mais qu'en sera-t-il dans le futur ?
Passez un bon lundi :-)
♥♥♥