Ah, tu veux t'occuper d'elle ?!
Suite de l'article "Vous êtes mon père ?" (revoir ICI ).
Dès que Lorie Duval a entendu le bruit de la clé de sa fille dans la porte, elle a commencé a l'admonester.
- Non, mais tu le fais exprès ou quoi ? C'est ma soirée bowling, je vais encore être en retard à cause de toi.
Elle s'arrête net en voyant qui accompagne Maïa.
- Qu'est-ce qu'il fait ici ? lui demande-t-elle
- Il voulait te parler, M'man.
- Bonjour Lorie. En effet, je voulais te parler. Je pense que tu sais pourquoi.
Mathieu se penche vers Maïa et lui dit gentiment :
- Vas dans ta chambre, ma puce. Regarde si tu as encore des devoirs à faire. Si tu n'en as pas, tu peux jouer en attendant que j'ai fini de discuter avec ta maman.
Une fois que Maïa a été partie, Mathieu tire une chaise.
- Tu permets que je m'asseye ?
- Vas-y, je t'en prie, tu es bien entré dans l'appartement sans m'en demander la permission, alors tu peux continuer en t'asseyant.
Mathieu essaie d'être aimable et conciliant.
- Je vois que tu as conservé ton sens de la répartie et ton humour. Mais que tu n'as pas gardé tes cheveux blonds vénitiens par contre ; néanmoins ce blond clair te va bien.
- Je ne voulais plus entendre parler de cheveux roux, ni sur ma tête, ni autour de moi. Manque de bol, ma fille est rousse... Ne te demande surtout pas pourquoi.
- Alors c'est bien ce que j'en ai conclus : Maïa est ma fille.
- En effet. Et tu nous as plaqués toutes les deux.
- Tu as du culot de dire ça ! Je ne savais même pas que tu étais enceinte, et encore moins que tu l'étais de moi. Tu te souviens dans quelle position tu te trouvais la dernière fois que je t'ai vue ? Je débarque chez toi pour te proposer de venir vivre avec moi à Calgary et je te trouve au lit avec mon boss. Je pense que je ne suis pas le seul qui aurait tourné les talons dans un tel cas.
- Oui, je me souviens très bien en effet. Toi, une fois ton boulot terminé, tu passais ton temps avec tes bouquins pour ta foutue thèse et pendant ce temps-là, il fallait que je reste à me morfondre en attendant que tu veuilles bien t'occuper un peu de moi.
- Tu sortais avec un interne qui faisait stage sur stage, tu t'attendais à quoi ? à ce que je fasse la fiesta tous les soirs ?
- La vérité, c'est que je m'ennuyais avec toi. Tu étais aussi drôle qu'une capote percée. Et pas plus fiable puisque je me suis retrouvée enceinte.
- Et ça ne t'est pas venu à l'esprit de me le dire ?
- Sûrement pas, puisque tu avais fichu le camp de l'autre côté du continent sans même dire au revoir.
- Je suis parti comme prévu, le jour prévu et à l'heure prévue, tu le savais très bien. Et si je ne t'avais pas trouvé avec mon boss, tu serais venue avec moi. Quoi qu'il en soit, tout cela fait partie du passé. Tu as ta vie maintenant, et j'ai la mienne. Par contre, je découvre que j'ai une fille. Tu savais très bien où me joindre pour m'en parler.
- Je n'en voyais pas l'intérêt ; je suis entrée dans une agence de placement infirmier privé et j'y gagnais très bien ma vie. Mais ne t'inquiète pas, si on avait été dans le besoin, je t'aurais contacté... pour le bien de ta fille, dit-elle avec un sourire ironique.
- Tu es révoltante. Et quand je pense que j'ai raté six ans et demi de sa vie à cause de toi. Mais je t'informe que je veux être présent pour elle, dès maintenant et pour toutes les années futures.
- Ah ouai ?
- Oui, je vais demander une mutation dans l'hôpital où exerce mon beau-frère, je déménagerai ici, et on pourra organiser nos vies chacun de notre côté pour que Maïa soit autant avec toi qu'avec moi. Une sorte de garde partagée. On doit pouvoir s'arranger juridiquement pour que ça soit légal. Je voudrais commencer par la reconnaitre officiellement comme étant ma fille. Je veux m'occuper d'elle et lui donner tout l'amour qu'elle mérite et pour lequel j'ai déjà accumulé pas mal de retard.
- Tu veux t'occuper d'elle ? Ah, mais ça tombe très bien, tiens : on va commencer dès ce soir. Je dois sortir, je suis en retard alors tu vas l'emmener avec toi, tu la déposeras à l'école demain matin, et tu la garderas encore demain soir parce que je serai de permanence toute la nuit.
- Mais enfin, tu ne peux pas me la confier comme ça de but en blanc, elle me connait à peine.
- T'inquiète pas, elle a toujours été habituée à être gardée par des tas de gens qu'elle connaissait à peine quand elle était petite et que j'avais besoin de m'absenter. Plus maintenant, parce qu'elle est assez grande pour rester toute seule. Alors, tu vois, ça ne lui posera aucun problème.
- Quoi ? Tu la laisses toute seule quand tu t'en vas ?
Ne prenant même pas la peine de répondre à cette question, Lorie se tourne vers la porte de communication et crie :
- Maïa, viens ici tout de suite.
La petite arrive immédiatement. Si vite que Mathieu se demande si elle n'était pas en train d'écouter leur conversation. Il est navré d'imaginer qu'elle a pu entendre ce qu'ils se sont dit.
- Je suppose que tu as compris que Mathieu est ton père. Il va s'occuper de toi pendant quelques jours, alors va faire ton sac, le même que lorsque tu vas chez Mamie.
- Oui, M'man.
Mathieu ajoute gentiment :
- Prends aussi ton sac d'école, je t'y emmènerai demain, et je te ramènerai à ta maman quand elle aura terminé sa permanence de travail. Tu es d'accord ?
- Oui, mais où va-t-on ?
- On va retourner chez Thomas et Prune, tu veux bien ? Tu pourras dormir dans la chambre de Prune, et demain matin je vous emmènerai toutes les deux à l'école ensemble. Tu es d'accord ?
Maïa hoche la tête en signe d'acquiescement, sans répondre.
Pendant ce temps, Lorie a pris un papier et un stylo.
- Je fais une attestation sur l'honneur comme quoi tu es son père biologique et que je te donne le droit de la récupérer demain à la sortie de l'école ; sinon ils ne te laisseront pas partir avec elle.
Maïa revient avec son sac de voyage et son sac d'école. Mathieu met le sac à dos sur son épaule et s'apprête à prendre le sac de voyage quand le téléphone de Lorie se met à sonner.
- Et voilà : mes potes sont fâchés parce que je suis encore en retard au bowling. Dépêchez-vous donc un peu.
- Allez, viens ma puce, il ne faut pas mettre ta maman plus en retard qu'elle ne l'est déjà, tu ne crois pas ? lui dit Mathieu avec un grand sourire en lui tendant la main.
Après un instant d'hésitation, Maïa ébauche un timide sourire et met sa petite main dans celle de son père.
Un instant plus tard, ils étaient partis.
Alors Lorie prend son téléphone et appelle une de ses copines.
- Salut Kate ! Dis moi, tu sors toujours avec ton avocat ? Oui ? Super ! Parce que je vais avoir besoin de ses services pour faire une bonne affaire..
À suivre....
Bonne journée :-)
♥♥♥