Fifi, son singe et son cheval
Pour reprendre la suite du précédent message, voici quelques précisions sur Fifi :
Fifi avait eu autrefois un papa qu’elle adorait et, bien sûr, elle avait eu aussi une maman. Mais c’était il y a si longtemps qu’elle ne s’en souvenait plus du tout. La maman de Fifi était morte quand celle-ci n’était qu’un tout petit bébé qui braillait si fort dans sa
poussette que personne n’arrivait à rester à côté d’elle. Fifi pensait que sa maman se trouvait au ciel et qu’elle l’observait par un petit trou entre les nuages. Fifi lui faisait souvent un petit signe et lui disait :
— Ne t’inquiète pas ! Je me débrouillerai toujours !
Fifi n’avait pas oublié son papa. Il était capitaine au long cours et il avait navigué sur tous les océans. Fifi l’avait accompagné sur son navire, jusqu’au jour où il avait disparu en mer, emporté par une vague au cours d’une tempête. Mais Fifi en était sûre : un jour, il reviendrait. Elle ne croyait pas du tout qu’il s’était noyé. Non, il avait certainement rejoint une île remplie de Cannibales. Voilà : il était devenu le roi des Cannibales et il se pavanait toute la journée avec une couronne en or sur la tête.
— Mon papa est roi des Cannibales, c’est pas tout le monde qui a un papa comme ça ! disait-elle avec satisfaction. Dès que mon papa aura construit un bateau, il viendra me chercher et je serai la princesse des Cannibales. Ah ! là ! là ! On rigolera bien !
Des années plus tôt, son papa avait acheté la vieille maison dans le jardin. Il comptait y habiter avec Fifi sur ses vieux jours, quand il ne pourrait plus courir les océans. Mais, hélas ! il avait disparu et, en attendant son retour, Fifi s’était installée dans la villa Drôlederepos. Drôle de nom pour une maison, mais elle s’appelait pourtant bien comme ça. Bien meublée, la maison n’attendait qu’elle. Un beau soir d’été, Fifi avait dit au revoir à tous les marins du bateau de son papa. Ils adoraient Fifi et Fifi les adorait aussi.
— Au revoir, les gars ! leur dit-elle en les embrassant l’un après l’autre sur le front. Ne vous inquiétez pas pour moi ! Je me débrouillerai toujours !
Elle emporta deux choses du bateau : un petit singe appelé M. Nilsson – cadeau de son papa – et une grosse valise bourrée de pièces d’or. Accoudés au bastingage, les matelots regardèrent Fifi s’éloigner. Elle marcha d’un pas ferme sans se retourner, M. Nilsson perché sur l’épaule et la valise à la main.
— C’est une enfant extraordinaire, dit l’un des matelots en essuyant une larme quand Fifi disparut hors de leur vue.
Il avait bien raison. Fifi était une petite fille tout à fait extraordinaire. Ce qu’il y avait de plus extraordinaire chez elle, c’était sa force. Il n’existait pas dans le monde entier un policier aussi costaud qu’elle. Elle était même capable de soulever un cheval si elle en avait envie. Et cette envie la prenait de temps en temps. Elle possédait un cheval qu’elle avait acheté avec une de ses nombreuses pièces d’or le jour même de son arrivée à la villa Drôlederepos. Elle avait toujours rêvé d’avoir un cheval à elle ; le cheval trônait désormais sous la véranda. Mais quand Fifi avait envie d’y prendre son quatre-heures, elle soulevait le cheval et le
déposait dans le jardin comme si de rien n’était.
Revenons-en à la rencontre entre Fifi et Tommy et Annika :
- Au fait, pourquoi ne viendriez-vous pas prendre votre petit déjeuner chez moi ? demanda Fifi.
- Euh… Pourquoi pas ? répondit Tommy.
- Allez ! On y va tout de suite, renchérit Annika.
Ils poussèrent la grille branlante du jardin de la villa Drôlederepos, montèrent l’allée de gravier bordée d’arbres moussus des arbres faits pour que l’on y grimpe) et arrivèrent devant la véranda.
- Mais il faut d’abord que je vous présente M. Nilsson, dit Fifi.
Le petit singe salua poliment les enfants en soulevant son chapeau.
Un cheval dévorait son picotin dans une soupière.
-Mais qu’est-ce que ton cheval fait sous la véranda ? demanda Tommy. Pour ce dernier, la place d’un cheval était à l’écurie.
- Eh bien, dit Fifi après mûre réflexion, dans la cuisine, il serait toujours sur mon chemin. Et il ne se plaît pas au salon.
Tommy et Annika caressèrent le cheval et entrèrent dans la maison.
Il y avait une cuisine, un salon et une chambre, mais Fifi ne s’était pas souciée du ménage depuis un bon bout de temps. Tommy et Annika se tenaient sur leurs gardes, au cas où ce roi des Cannibales serait tapi dans un coin. Il faut dire qu’ils n’avaient jamais vu de roi des Cannibales. Ils ne virent pas plus de papa. Ni de maman d’ailleurs. Annika demanda avec inquiétude :
- Tu vis toute seule ici ?
- Pas du tout. Tu oublies M. Nilsson et mon cheval.
- Ce n’est pas ce que je voulais dire. Tu n’as ni papa ni maman avec toi ?
- Non, ni l’un ni l’autre.
- Mais alors, qui te dit d’aller te coucher quand c’est l’heure ? reprit Annika.
- Moi. D’abord je me le dis gentiment et, si je n’obéis pas, je le répète sévèrement. Si je n’obéis toujours pas, je me promets une fessée ! Vous me suivez ?
Tommy et Annika ne comprenaient pas tout à fait mais ils pensèrent que cette méthode n’était peut-être pas si mauvaise.
Entre-temps, ils étaient arrivés à la cuisine et Fifi s’écria :
" Et maintenant on va cuire des crêpes,
et maintenant on va frire des crêpes,
et maintenant on va servir des crêpes !"
(extraits du chapitre 1 de Fifi Brindacier par Astrid Lingred) - À suivre.
J'ai fabriqué "Monsieur Nilsson" dans du tissu imitation daim en m'inspirant des singes-chaussettes (voir ici) et je l'ai habillé tel que décrit dans le livre ; le cheval est de la marque Battat-Our Generation.
Bonne journée :-)
♥♥♥