Prune et son nouveau frère
(english below)
Lorsque Prune est allée à l'école lundi, elle a réussi en une seule journée à se mettre tout le monde à dos !
Les uns après les autres, elle a exaspéré tous les enfants de sa classe en discutant avec eux durant les récréations. Elle sait tout mieux que tout le monde car "mon père est médecin" (c'est normal que je sache mieux les choses que vous parce qu'il a fait des longues études) ; elle est au courant de tout "parce qu'elle a toujours vécu dans une grande ville, pas comme dans ce village où il ne doit jamais rien se passer" ; elle a les meilleurs jeux vidéos chez elle, même ceux "qui ne sont pas arrivés dans un village comme celui-ci" ; elle n'aime que les vêtements à la mode, pas "comme ceux qu'on porte ici" ; elle ne comprend pas que "vous n'ayez pas encore vu le nouveau Indiana Jones, mais c'est vrai qu'il n'y a pas de cinéma ici, ha ha ha !". Et puis "c'est tellement drôle que vous n'ayez pas encore tous de téléphone" ; et internet soit trop lent parce que "en ville ça allait plus vite pour voir des YouTube ou télécharger de la musique", etc, etc.
Tour à tour, les enfants se sont détournés d'elle parce qu'ils la trouvaient vraiment trop bécheuse, avec des exigences et des prétentions qui leur étaient inconnues, tout en les exaspérant.
Même la maitresse s'est fâchée après elle. Ceci a eu lieu quand la fillette a exigé de récupérer son téléphone pendant l'heure du repas de midi et que, face au refus qu'on lui a opposé, elle s'est mise en colère et a menacé de s'en plaindre à son père. Le résultat fut qu'elle a eu une punition sous la forme d'un devoir long comme le bras à rendre pour le lendemain.
Et comble de misère, quand elle est arrivée chez elle, elle a trouvé ce mot que Foirfouille lui avait laissé avant de repartir dans les bois :
Inutile de dire qu'elle a piqué une crise de colère en découvrant ce qu'elle considère comme "une désertion" et un "abandon" de la part de Foirfouille
Ce matin, à l'école, personne ne lui a parlé. Dès la première récréation, tout le monde a laissé Prune toute seule dans son coin.
- Non mais vous avez entendu cette mijaurée ?! Elle dit qu'on n'a rien de bien, ni nos jeux, ni nos vêtements, ni rien, demande Andréa.
- Oui ! En plus elle sait tout mieux que nous parce qu'elle vient de la grande ville ! répond Andrina.
- J'espère que son père est plus gentil qu'elle, sinon ça sera encore pire que d'habitude quand on devra aller chez le docteur, proclame Qanik d'un ton morose.
Chose incroyable, même Andréa et Maïa étaient d'accord pour une fois !
Mais il semble que c'était Maïa la plus virulente contre Prune ; je ne sais pas au juste ce qu'elle lui avait dit, mais apparemment Maïa ne l'avait pas digéré du tout !
Or, ce matin, Benjamin faisait sa rentrée avec quelques jours de retard (pour une raison que je ne connais pas, mais avec l'accord de l'école). Il était très content de retrouver tous ses camarades de classe qu'il n'avait pas revus durant les vacances.
Durant la première récréation du matin, ayant entendu les autres élèves parler de Prune, il s'est dit qu'elle devait être une fille vraiment très désagréable. Bien qu'il n'ait pas pris part aux discussions des autres, il a quand même préféré rester éloigner d'elle.
Toutefois, Benjamin a un coeur d'or., alors à l'heure du repas de midi, il était un peu embêté de voir cette fille qui était à nouveau toute seule, appuyée à la clôture. Néanmoins, il n'a pas été la voir, se contentant de l'observer.
Mais durant la récréation de l'après-midi, il était vraiment triste de voir qu'elle avait l'air malheureuse dans son coin. N'écoutant que son bon coeur, il s'est approché d'elle.
- Salut, je m'appelle Benjamin.
- Salut, a répondu Prune sans lever la tête.
- Tu veux jouer avec moi, a insisté le petit garçon sans se laisser démonter par l'attitude de la fillette.
- À quoi veux-tu bien pouvoir jouer ?! je n'ai même plus mon téléphone !
- Tu fais quoi avec ton téléphone ?
- Je joue à des jeux, je prends des photos, je les envoie à mes amis.
- Tu prends des photos de quoi ?
- De moi, ou des choses que je vois, et je leur envoie.
- Tu fais des jolies photos ?
- Oui, mon père dit que je suis très douée.
- Ils sont en ville tes amis ?
- Ben oui, bien sûr, je ne connais que des gens de la ville.
- Alors, ça te dirait de faire des photos qui les étonnent ?
- Oui, bien sûr ! mais quoi ?
- Je te montrerai ça tout à l'heure, quand on sortira de l'école et que tu auras récupéré ton téléphone.
- Tu ne veux pas me faire une méchante farce, hein ? demande Prune d'un ton méfiant.
- Parole d'honneur que non. Je suis juste triste de te voir dans ton coin toute seule, et j'ai cherché quelque chose qui te rendrait le sourire.
Elle le regarde dans les yeux et se rassure : Benjamin a l'air si sincère que Prune le croit.
En sortant de l'école, Prune proteste un peu en voyant Benjamin l'entrainer dans le champ qui est juste devant sa propre maison. Elle n'arrête pas de râler parce que des gravillons entrent dans ses sandales.
- Je me demande vraiment ce qu'on peut bien trouver à photographier ici, dit-elle. Il n'y a rien !
- Attends, tu vas voir, on y est presque, dit le petit garçon.
Ils continuent et quelques mètres plus loin, ils arrivent devant un énorme bouquet d'asters d'automne.
- Regarde comme c'est joli, il y a plein d'abeilles sur les fleurs. Si tu es vraiment douée pour faire des photos, tu devrais essayer de les photographier parce que je suis sûr que tes amis n'en ont jamais vu d'aussi près.
Prune a un mouvement de recul en voyant les abeilles, elle a peur de se faire piquer, mais Benjamin la rassure en passant la main dans les fleurs : les abeilles ne s'occupent pas du tout d'eux, elles ne s'intéressent qu'aux fleurs qu'elles butinent.
- Oh la la, elles bougent tout le temps, je n'y arriverai jamais ! s'écrie Prune en tentant de faire une photo.
- Mais si, tu vas y arriver, essaie encore. Si tu es vraiment très douée comme tu le dis, tu peux faire des photos comme celles d'internet. En tous cas, si j'avais la chance d'avoir un téléphone, moi, j'essaierais au moins !
Cet argument en forme de défi stimule Prune ! Elle photographie les abeilles, une fois, deux fois, dix fois, vingt fois. À chaque fois, elle y arrive mieux que la fois précédente.
Finalement, elle s'amuse beaucoup à essayer de suivre les abeilles qui bougent tout le temps et elle clique encore et encore. Et au lieu de continuer à ronchonner, elle se met à rire à chaque qu'une abeille lui "échappe".
Tout à coup, elle s'écrie joyeusement :
- Ça y est, j'en ai une super belle ! C'est génial, je ne me suis jamais autant amusée !
- Tu vois, je te l'avais dit que tu allais retrouver le sourire. Et maintenant, si tu veux, demain je t'emmènerai pour photographier des oiseaux, je sais où il y en a des super beaux.
Prune est d'accord.
Benjamin ajoute timidement :
- Peut-être que tu pourras me prêter un peu ton téléphone, pour que j'essaie moi aussi.
- Promis ! Et tu sais quoi : je te choisis comme petit frère. En plus, tu as la bonne couleur de cheveux !!
Benjamin reste un peu perplexe devant cette déclaration.... mais il n'y attache pas plus d'importance que ça.
Tout le monde semble content : Benjamin s'est fait une amie, et Prune s'est trouvé "un frère" qui va sûrement lui apprendre doucement à avoir un meilleur caractère, à être moins pimbêche et à découvrir qu'il n'y a pas que le matérialisme moderne de la ville qui rend heureux.
Au fait, voici la photo qu'elle a pris ; pas mal pour une débutante, non ?!
Bientôt, nous saurons pourquoi la jolie Prune a un tel caractère, et pourquoi elle veut tellement avoir un "frère". Mais ne pensez pas qu'elle ait dit son dernier mot : son caractère ne s'est pas tout à coup miraculeusement amélioré ! À suivre.
Bonne journée :-)
♥♥♥
Prune's new "brother"!
When Prune went to school on Monday, she managed to alienate everyone in just one day!
One after the other, she exasperated all the children in her class by arguing with them during recess. She knows everything better than everyone else because “my father is a doctor”; she knows everything "because she has always lived in a big city, not like in this village where nothing ever happen"; she has the best video games at home, even those "which didn't arrive in a village like this"; she only likes fashionable clothes, not “like the ones you wear here”; she doesn't understand that "you haven't seen the new Indiana Jones yet, but it's true that there's no cinema here, ha ha ha!"... etc.
One after the other, the children turned away from her because they really found her too pretentious and annoying.
Even the mistress got angry with her. This happened when the little girl demanded her phone back during lunch time and, when she was refused, she became angry and threatened to complain to his father. The result was that she got a punishment in the form of a long schoolwork due the next day.
And to add insult to injury, when she arrived home in the evening, she found a note that Foirfouille had left to her, before heading back into the woods. Needless to say, she threw a tantrum upon discovering what she considered to be "desertion" and "abandonment" on the part of Foirfouille
This morning, at school, no one spoke to him. From the first recess, everyone left Prune all alone in her corner.
- No, but did you hear that?! She says we don't have anything good, neither our games, nor our clothes, nor anything, asks Andréa.
- Yes ! Plus she knows everything better than us because she comes from the big city! answers Andrina.
- I hope her father is nicer than her, otherwise it will be even worse than usual when we have to go to the doctor, proclaims Qanik in a morose tone.
Incredibly, Andréa and Maïa agreed for once. But it seems that it was Maïa the most virulent against Prune; I don't know exactly what she said to her, but apparently Maïa hadn't digested it at all!
However, this morning, the nice Benjamin returned to school a few days late (for a reason that I do not know, but with the agreement of the school). He was very happy to find all his classmates whom he had not seen during the holidays.
During the first break in the morning, having heard the other students talking about Prune, he said to himself that she must be a really unpleasant girl. Although he didn't take part in the others' discussions, he still preferred to stay away from her.
However, Benjamin has a heart of gold, so at lunchtime, he was a little annoyed to see this girl who was all alone again, leaning against the fence. However, he did not go to see her, contenting himself with observing her.
But during afternoon recess, he was sad to see her unhappy in her corner. Listening only to his good heart, he approached her.
- Hi, my name is Benjamin.
- Hello, replied Prune without looking up.
- You want to play with me, insisted the little boy without letting himself be taken aback by the little girl's attitude.
- What do you want to be able to play?! I don’t even have my phone anymore!
- What do you do with your phone?
- I play games, I take photos, I send them to my friends.
- What do you take photos of?
- From me, or from the things I see, and I send them.
- Do you take pretty photos?
- Yes, my father says that I am very talented.
- Are your friends in town?
- Well yes, of course, I only know people from the city.
- So, would you like to take photos that will amaze them?
- Yes of course ! but what ?
- I'll show you this later, when we get out of school and you get your phone.
- You don't want to play a nasty prank on me, do you? Plum asks in a suspicious tone.
- Word of honor no. I'm just sad to see you alone, and I've been looking for something to make you smile.
She looks him in the eyes and reassures herself: Benjamin seems so sincere that Prune believes him.
Leaving the school, Prune protests when Benjamin dragging her into the field which is right in front of her own house. She keeps moaning because gravel gets into her sandals.
- I really wonder what we can possibly find to photograph here, she said, annoyed. There is nothing !
- Wait, you'll see, we're almost there, said the little boy.
They continue and a few meters further, they arrive in front of an enormous bouquet of autumn asters.
- Look how pretty it is, there are lots of bees on the flowers. If you're really good at taking pictures, you should try photographing them because I'm sure your friends have never seen one this close.
Prune cringes when she sees the bees, she is afraid of being stung, but Benjamin reassures her by running his hand through the flowers: the bees don't take care of them at all, they are only interested in the flowers they forage for.
- Oh my, they move all the time, I'll never get there! exclaims Prune, trying to take a photo.
- But if you're going to get there, try again. If you're really talented like you say, you can take photos like the ones on the internet. In any case, if I were lucky enough to have a phone, me, I would at least try!
This argument in the form of a challenge stimulates Prune! She photographs the bees, once, twice, ten times, twenty times. Each time, she does it better than the previous time.
Finally, she has a lot of fun trying to follow the bees that are moving all the time and she clicks again and again. And instead of continuing to grumble, she starts laughing every time a bee “escapes” her.
Suddenly she exclaims joyfully:
- That's it, I have a really nice one! It's great, I've never had so much fun taking photos!
- You see, I told you that you were going to like that. And now, if you want, tomorrow I will take you to photograph birds, I know where there are some really beautiful ones.
Prune agrees.
Benjamin adds timidly:
- Maybe you can lend me your phone for a bit so I can try it too.
- I promise! And you know what: I choose you as my little brother. Plus, you have the right hair color!!
Benjamin remains a little perplexed by this statement... but he doesn't attach any more importance to it than that.
Everyone seems happy: Benjamin made a friend, and Prune found "a brother" who will surely slowly teach her to have a better character, and to discover that there is not just the modern materialism of the city that makes you happy.
By the way, here is the photo she took; Not bad for a beginner, right?!
Soon we will know why the pretty Plum has such a character, and why she wants to have a "brother" so much. But don't think that she has said her last word: her character has not suddenly miraculously improved!
To be continued.