Le gramophone et la leçon de valse
Le temps ne permettant pas de sortir se promener, Romina a proposé d'aller au salon pour écouter de la musique sur le gramophone que ses parents ont récemment acquis.
Elle manipule l'album de disques de son père avec beaucoup de précaution et choisit une valse de Strauss.
C'est Samuel qui est chargé de tourner la manivelle.
Aussitôt qu'elle entend les premières notes de musique, Samantha se met à esquisser quelques pas de danse et tend les bras à Sanson qui avoue ne pas savoir valser.
- Je vais t'apprendre, lui propose-t-elle. Tu vois, c'est simple, écoute le rythme : 1, 2, 3... 1, 2, 3... 1, 2, 3.... Allez, on y va.
- Tu m'apprendras aussi, hein Samantha ? demande la petite Berta en les regardant avec envie.
- C'est promis, je vais t'apprendre à valser à toi aussi, lui répond-elle. Aie ! ajoute-t-elle aussitôt.... parce que Sanson vient de lui écraser un pied. Heureusement que j'ai mis des bottines ce matin !
Pauvre Sanson, il a du mal à trouver le rythme ; il reste à espérer pour les pieds de Samantha qu'il va vite y arriver !
Le gramophone a été fabriqué à quatre mains par Petit Mari et moi, il a fait la base de bois et a coupé une trompette en 2 parties (objet décoratif de Noël) qu'il a assemblées à l'arrière, en ajoutant une rondelle et une véritable aiguille de notre propre vieux gramophone pour former le système de lecture. J'ai teint le bois, fabriqué la platine tourne-disque à partir d'un couvercle de Pringle que j'ai argenté, je l'ai recouvert de feutrine verte, comme c'était sur les appareils de l'époque, et j'ai ajouté un logo "Victor, la voix de son maître", une marque de gramophone réputée à l'époque, à partir d'image trouvée sur google que j'ai travaillée sur mon logiciel de graphisme, une manivelle faite de fil très rigide et d'une perle a complété l'appareil. J'ai finalement fait quelques disques en imprimant des images de véritables vieux disques que j'ai collées sur un carton noir rigide, puis j'ai fabriqué l'album de disques avec ses pochettes intérieures pour les y ranger.
Voici le résultat de l'ensemble en plan rapproché :
Peut-être êtes-vous étonné(e)s de voir cette scène qui se déroule en 1910. Ne le soyez pas !
Thomas Edison avait inventé le phonographe à rouleau en 1877 ; celui-ci enregistrait les sons sur un rouleau de cuivre enduit de cire appelé cylindre. Dix ans plus tard, en 1887, l'allemand Emile Berliner fait breveter un appareil qu'il appellera gramophone (apparemment avec un jeu de mot inversant le mot "phonographe" de Thomas Edison) où la gravure sur cylindre est remplacée par la gravure sur un disque plat, beaucoup plus facile à ranger, et surtout à reproduire puisqu'il suffisait alors de créer une matrice inversée pour "imprimer" des disques à volonté. Ces premiers disques tournaient à 90 tours/minute et ne contenaient que 2 à 3 minutes d'enregistrement puis sont passés à 78 tours pour 5 minutes d'enregistrement dans les années 1910. Ces disques étaient en gomme-laque (les premiers disques en vinyle, tournant à 33 tours minutes datent de 1946 seulement).
Donc, vous voyez, en 1910, Samantha pouvait déjà valser sur la musique d'un disque.
Nous nous sommes beaucoup amusés à fabriquer ce gramophone, et le plus sympa a été quand j'ai mis en place les éléments de cette mise en scène et que Petit Mari a mis en route notre propre vieux gramophone au son si spécial, surtout quand on a du mal à trouver la bonne vitesse pour faire tourner le disque ! C'est que la mécanique de rotation du disque est due à un système d'entrainement par ressort qu'on remonte à l'aide de la manivelle et dont on doit ensuite ralentir la vitesse si ça va trop vite (son trop aigu et rapide) ou relancer si ça va trop lentement (son trop grave et lent).... c'est ce qui fait le charme de ces appareils-là !
On était loin des MP3 !
Bonne journée :-)
♥♥♥