Ani couni chaouani : la vérité sur ce chant qui n'est vraiment pas une berceuse
(english below)
J'ai vu passer des lutins derrière chez moi... ils étaient emmenés vers la forêt par Atoka-Pauline, ils chantaient tous le célèbre chant "Ani couni chaouani".
"Ani couni chaounani, Ani couni chaounani;
Awawa bikana caïna, Awawa bikana caïna;
éiaouni bissinni, éiaouni bissinni"
en marchant d'un pas lent et solennel vers la forêt.
Je ne sais pas ce qu'ils sont allés y faire, mais quand je les ai vus revenir un peu plus tard, je n'ai pas osé leur demander.
Maintenant, je vais peut-être vous enlever vos illusions si vous pensiez que le chant Ani couni est, comme beaucoup le racontent, une berceuse iroquoise...
Eh non. Loin de là même... ni berceuse, ni iroquois.
C'est un chant de lamentations très triste, qui était chanté exclusivement par les femmes, qui est issu de la Ghost Danse (danse des esprits), instaurée par le visionnaire amérindien arapaho Wowoka dans la réserve de Pine Ridge au Dakota, où il affirmait que cette danse offerte au Grand Esprit pourrait les débarrasser des blancs. Cette danse avait aussitôt été interdite (par les blancs, bien sûr) et vous connaissez peut-être ses conséquences à l'époque de Sitting Bull avec le massacre de Wounded Knee (voir ICI).
Depuis, ce chant est devenu une sorte de prière pour les amérindiens. Voici le texte original en Arapaho :
Ani’qu ne’chawu’nani’, Ani’qu ne’chawu’nani’;
Awa’wa biqāna’kaye’na, Awa’wa biqāna’kaye’na;
Iyahu’h ni’bithi’ti, Iyahu’h ni’bithi’ti.
et voici sa traduction :
Père, aie pitié de moi, Père, aie pitié de moi ;
Car je meurs de soif, Car je meurs de soif ;
Tout a disparu - je n'ai rien à manger, Tout a disparu - je n'ai rien à manger.
Je vous invite à lire ICI ou bien à regarder cette vidéo qui vous l'expliquera :
et ici vous pourrez en entendre une des plus belles interprétations que j'ai jamais entendue, par un choeur de femmes en hommage à ces femmes amérindiennes du passé :
ou si vous préférez, en voici une version un peu plus "touristique" !
J'espère que la promenade de mes lutins vous aura fait mieux apprécier ce chant de femmes désespérées par la situation dans ces camps de concentration qu'étaient les réserves indiennes à cette époque-là. De tout temps, il y aura toujours eu des êtres humains pour faire souffrir d'autres êtres humains, et en 2022 rien n'a changé....
Bonne journée :-)
♥♥♥
I saw elves pass behind my house... they were taken to the forest by Atoka-Pauline, they were all singing the famous song "Ani couni chaouani".
"Ani couni chaounani, Ani couni chaounani;
Awawa bikana caina, Awawa bikana caina;
éiaouni bissinni, éiaouni bissinni"
walking slowly and solemnly towards the forest.
I don't know what they went there to do, but when I saw them coming back a bit later, I didn't dare ask them.
Now, maybe I'll disillusion you if you thought that the Anicouni song is, as many say, an Iroquois lullaby...
Oh no. Far from it... neither lullaby nor Iroquois.
It is a very sad song of lamentations, which was sung exclusively by women, which comes from the Ghost Dance (dance of the spirits), established by the Native American visionary Arapaho Wowoka in the Pine Ridge reservation in Dakota, where he affirmed that this dance offered to the Great Spirit could rid them of the Whites. This dance was immediately banned (by the Whites, of course) and you may know its consequences at the time of Sitting Bull with the massacre of Wounded Knee (see HERE).
Since then, this song has become a kind of prayer for Native Americans. Here is the original text in Arapaho:
Ani'qu ne'chawu'nani', Ani'qu ne'chawu'nani';
Awa'wa biqāna'kaye'na, Awa'wa biqāna'kaye'na;
Iyahu'h ni'bithi'ti, Iyahu'h ni'bithi'ti.
and here is its translation:
Father, have mercy on me, Father, have mercy on me;
'Cause I'm dying of thirst, 'Cause I'm dying of thirst;
Everything is gone - I have nothing to eat, Everything is gone - I have nothing to eat.
I hope that the walk of my elves will have made you better appreciate this song of women desperate for the situation in these concentration camps that were the Indian reserves at that time. At all times, there will always have been human beings to make other human beings suffer, and in 2022 nothing has changed....