La famille Rubinstein et les pogroms
En 1925, sur l'avenue Saint Laurent à Montréal (Canada) vit la famille Rubinstein. Elle est composée de deux frères Sroel et Moshe, qui ont quitté l'Ukraine, à l'époque en Russie, en 1904 pour fuir les pogroms. Ils ont trouvé une terre d'accueil où ils ont réussi à refaire leur vie avec succès, créant une petite entreprise, se mariant avec bonheur et ayant des enfants choyés.
Les deux frères jouaient du violon et l'un d'eux a épousé une jeune femme qui donnait des cours de piano ; de ce fait dans toute la famille Rubinstein, la musique est reine : leurs enfants jouent tous d'un ou plusieurs instruments et les réunions pour les diverses fêtes sont l'occasion de petits concerts pleins de joie familiale.
Aujourd'hui, cousine Sarah, fille de Sroel et Dvorah (Deborah), est venue passer l'après-midi avec Rachel et Jacob, les enfants de Moshe et Ester ; ils en ont profité pour répéter le petit récital qu'ils vont donner à la famille pour la Hanoukka.
Pour qui ne saurait pas pourquoi les deux frères ont quitté la Russie en 1904 :
Le mot pogrom (d'origine russe : погром) signifie détruire, piller. Il est utilisé spécifiquement dans plusieurs langues pour décrire les attaques, accompagnées de pillages et de massacres, contre les Juifs en Russie, perpétrées par la majorité chrétienne, sans réaction des autorités ou avec leur assentiment, entre 1881 et 1921.
On notera que ce n'était pas nouveau car le premier pogrom antisémite eut lieu à Kiev (Ukraine) en 1113, suite auquel le nombre de Juifs en Russie fut restreint jusqu’à la seconde moitié du 18e siècle, au moment du partage de la Rzeczpospolita en République des Deux Nations du fait de l'Empire russe : le royaume de Prusse et l'empire d'Autriche, moment à partir duquel de nombreux Juifs tentèrent de revenir vivre en Europe de l'est.
Pour la partie qui concerne mes personnages, en 1881, après l’assassinat d'Alexandre II par l'organisation terroriste Narodnaïa Volia (les ancêtres des bolchéviques), le nouveau tsar Alexandre III a donné au peuple russe le droit de « battre les Juifs » en guise de représailles ! Son but obsessionnel aurait été de supprimer purement et simplement un tiers des Juifs, d'assimiler le second tiers, et de laisser partir le tiers restant. Immédiatement, la première vague de pogroms antisémites commence (violences, pillages et massacres) mais essentiellement dans les grandes propriétés foncières de l'aristocratie polonaise catholique, où travaillaient les serfs ukrainiens orthodoxes, et où les prêtres et les popes excitaient le peuple contre les "Juifs, tueurs du Christ".
Le refus des autorités russes à contrôler la violence des cosaques ou des civils a créé une première vague de départs massifs de Juifs vers l'Europe de l'ouest.
En 1894, le tsar tsar Alexandre III meurt, et son fils Nicolas II hérite du trône. La situation révolutionnaire populaire empirait de jour en jour en Russie sans qu'il ne fasse rien car ce souverain était aussi conservateur que son père. Il ne fit rien non plus pour arrêter les pogroms antisémites qui atteignaient alors les Juifs dans toute la Russie, créant une nouvelle vague de départs massifs vers l'Europe de l'ouest, les États-Unis et le Canada.
En 1905, un premier début de révolution succède a une grève qui s'était étendue dans plusieurs usines : une manifestation composée d'ouvriers, une foule qui marchait dans le plus grand calme en brandissant icônes ou bannières religieuses se dirige vers le Palais d'Hiver pour présenter au tzar une pétition signée de cent trente-cinq mille noms demandant de meilleures conditions de travails et salaires ; sans même prendre la peine de recevoir les délégués des manifestants, Nicolas II et ses ministres chargèrent la police et l'armée de ramener l'ordre : les troupes ouvrirent le feu sur la foule et ce dimanche-là, il y eut près de quatre mille morts et blessés.
La suite, vous la connaissez, c'est la révolution russe de 1918.
Mais les trois jeunes musiciens de mon histoire, Sarah, Jacob et Rachel étaient à l'abri au Canada, grâce à leurs pères qui avaient su "quitter le navire" avant qu'il ne soit trop tard. À l'époque de mon histoire, Montréal comptait 50 000 Juifs immigrés qui avaient fui les pogroms.
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Les poupées ci-dessus sont des modèles Rebecca Rubin de American Girl, dont deux sont customisées, l'une en garçon, l'autre avec une perruque de Nellie O'Malley et les yeux teintés.
Si la première photo vous plait, je vous invite à la voir en grand format détaillé, ou à la télécharger, en cliquant ici : IMG_8130_1920
Bonne journée :-)
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