L'union de Sourire tranquille et Soleil d'automne
Peut-être vous souvenez-vous qu'au printemps Parle avec le Vent avait décidé de l'union de son petit-fils Soleil d'Automne avec sa douce Sourire tranquille (revoir ICI).
Toutefois, des événements dramatiques se sont produits durant cet été, et l'union a tardé à se faire.
C'est que les blancs ont décidé que la culture amérindienne devait disparaitre. Ils appellent cela l'assimilation. Et pour ce faire, ils débusquent tous les campements des amérindiens pour venir y voler les jeunes enfants afin de les enfermer dans des pensionnats où on leur fera oublier de force leur langue, leurs traditions et leur famille.
Jusqu'ici, les blancs n'avaient pas connaissance du campement d'été du clan Miskwaadesi (= de la Tortue peinte) de la tribu des Minode'e (Généreux), mais ils ont fini par découvrir son existence.
Bison blanc, le vieux chef de la tribu, a longuement discuté avec Parle ave le vent, la Miidev du clan. Ils ont décidé que tous les tipis sous les lesquels vivent les plus jeunes partiraient avec le chef beaucoup plus loin dans les profondeurs de la forêt, pour les protéger des voleurs d'enfants.
Afin de tromper les rabatteurs, ils ont laissé en place quatre tipis :celui de Parle avec le vent, celui de Cheval fougueux et son épouse Lune d'argent, avec son bébé et sa soeur Sourire tranquille, celui de Lumière du matin, son fils et ses deux filles, et celui de Ours debout et ses deux soeurs. Le groupe espère que les rabatteurs n'insisteront pas en voyant qu'il n'y a pas de jeunes enfants en âge d'être volés pour les emporter dans les pensionnats et qu'ils croiront que la tribu n'est pas plus grande que quatre tipis et partiront. Les trois jeunes guerriers les protègeront en cas de besoin.
Avec ça, l'union de Soleil d'automne et de Sourire tranquille n'a pas eu lieu au printemps comme cela était prévu, ni durant l'été car régulièrement Parle avec le vent étudiait les signes, et invariablement ils ne lui donnaient pas la réponse qu'elle attendait.
Les deux jeunes gens prenaient leur mal en patience, car dans les tribus, le bien commun passait avant les choix individuels, et les décisions des chefs ou des chamanes n'étaient jamais contestées. Cependant, Sourire tranquille regardait souvent avec envie le tas de peaux cousues ensemble qui formait la toile de son futur tipi, préparé depuis des mois avec le plus grand soin avec l'aide des femmes de sa famille, qui restait en attente dans un coin du camp posé sur un travois.
Toutefois, enfin les signes sont favorable depuis quelques jours. Sachant que Bison blanc devait venir les voir aujourd'hui, Parle avec le vent a annoncé aux deux jeunes gens qu'ils pourraient enfin partager un tipi et fonder une famille si le chef Bison blanc donnait son accord.
Vous vous attendiez peut-être à ce qu'un mariage amérindien ressemble au moins un petit peu à un mariage tel que vous les connaissez, avec une cérémonie et une fête. Dans ce cas, vous faisiez erreur. Pour ces gens simples, les unions font partie de la vie, elles n'ont pas à être célébrées comme des événements extraordinaires ; d'autant plus que la jeune femme peut très bien, un jour ou l'autre, décider de rompre l'union si son époux ne se comporte pas comme elle l'attend de lui (ne subvenant pas suffisamment à ses besoins ou étant trop souvent absent sans raison pour aller se battre).
Le seul point à peu près commun que vous retrouverez, c'est que la jeune épousée portait une robe neuve joliment décorée qu'elle, sa mère et ses soeurs, avaient confectionnée pour cette occasion depuis longtemps, qui lui durera toute sa vie et qu'elle portera aux cérémonies.
En présence du chamane (ici, Parle avec le vent, la Midev, ou femme médecine), du chef de la tribu, et de tous ceux du clan qui veulent être présents, la jeune femme s'approche avec le jeune homme de son choix et demande au chef à être unie avec lui. Eh oui, système matriarcal oblige, c'est la femme qui décide !
Le chef demande au jeune homme si il est d'accord car il devra sans faillir subvenir aux besoins de son épouse et de leurs enfants, ainsi qu'aux soeurs de son épouse si celles-ci deviennent veuves.
Le jeune homme s'y engage.
Le chamane noue alors un lien autour de leurs poignets et déclare que leurs destins sont désormais liés l'un à l'autre.
Il reste à faire une offrande à Gitché Manitou, le Grand-Esprit, pour qu'il protège cette union. Et c'est tout.
Par la suite, les jeunes gens partageront un dernier repas avec leurs deux familles réunies puis ils partiront avec le tipi de la jeune femme passer quelques jours seuls dans la forêt, avant de revenir dans le clan, prenant leur place en tant que couple et siégeant désormais aux réunions du conseil de clan. La jeune femme rangera soigneusement sa robe neuve et remettra sa robe de peau "de tous les jours".
D'ici un moment, il sera temps pour nos amis de quitter le camp d'été et de rejoindre le reste de la tribu dans la forêt où ils passeront l'hiver, espérant être assez loin pour protéger les enfants des rabatteurs des pensionnats d'assimilation.
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Si la première photo vous plait, je vous propose de la voir en détails en grand format, ou de la télécharger, en cliquant ici : IMG_3380_1920
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Je pense que vous connaissez tous ce qu'étaient les pensionnats d'assimilation ; si par hasard ce n'est pas le cas, vous pouvez cliquer ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pensionnats_pour_Autochtones_au_Canada ou, si vous en avez l'occasion, regarder le film Indian horse / Cheval indien dont voici la bande annonce en français :
Bon samedi
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