To translate, use the Google button at the top right 

Extrait du journal de Rose - Dimanche 7 mars 1870

[... Ce dimanche après midi, comme souvent le dimanche, Erika et Nels sont venus prendre le thé à la maison.

En arrivant, Erika m'a dit avec son franc-parler habituel :

-  En venant, nous avons aperçu votre amie Joséphine qui se promenait avec notre beau docteur Evans ; ils avaient l'air de bien s'entendre. Il fait si beau, ça sent le printemps et les oiseaux pensent à faire leur nid ! Je me demande si Madame McGill va apprécier cette relation ; mais après tout, ça ne la regarde pas, et ma foi, je serais bien aise de voir enfin quelqu'un tenir tête au "dragon" pour une fois !

Je n'ai rien répondu, ne voulant pas risquer de voir mes paroles avoir une influence quelconque sur l'idylle naissante, mais bien sincère, qui de dessine entre John et Joséphine ; toutefois, j'avoue que l'idée de voir son frère tenir tête à Madame McGill a tout pour me réjouir, parce que je me demande si ça lui est seulement arrivé au moins une fois dans sa vie. On dirait que tout le monde abdique devant la volonté et les désirs de cette dame. Il est vrai que la famille Evans a toujours été importante dans le pays, mais ça n'est pas une raison pour vouloir que tout le monde marche à la baguette quand elle impose ses volontés.

Nous nous sommes installés dans la cuisine car Erika et Nels la préfèrent au salon qu'ils trouvent trop conventionnel, et avons passé un agréable moment à parler de choses et d'autres.

Puis je n'ai pas pu m'empêcher de lui poser une question personnelle :

- Erika, je ne veux pas vous offenser, mais j'aimerais savoir pourquoi vous portez toujours ce bonnet ; ce n'est plus la mode, les femmes ne portent rien sur leurs cheveux, et mettent uniquement un chapeau pour sortir, et certaines ne mettant même rien et sortant tête nue.

Nels s'est alors exclamé :

- voilà une question qui me fait plaisir ! Cela fait des années que je lui dit qu'elle devrait arrêter de porter son bonnet.

Erika s'est esclaffée et se tournant vers moi, elle a retiré son bonnet et m'a dit :

- Voyez-vous, chère enfant, je suis beaucoup plus âgée que vous, et j'ai porté ces charlottes depuis mon enfance, j'y suis habituée. Toutefois, il y a une autre raison pour laquelle je les porte : regardez ma tignasse, trouvez vous que montrer cette masse indomptable soit raisonnable pour une personne de mon âge ?

Nels a explosé :

- Saperlipopette, il y a 40 ans que j'ai été séduit justement par cette "masse indomptable" ! C'était le jour où tu descendais de ton bateau en provenance de Suède et que tu t'es adressé à moi qui passais par là pour connaitre la direction à prendre pour trouver une pension convenable pour ta mère et toi. Et  ça fait 40 ans que je regrette de te voir les cacher sous ce bout de tissu.

Erika était très touchée :

- Décidément, tu es toujours le même séducteur que tu étais ce jour là et qui m'a tapé dans l'œil au premier regard ! C'est vrai, ça t'ennuie que je porte ce bonnet ? J'en suis bien désolée, tu aurais du me le dire bien avant.

Lorsqu'ils ont été prêts à repartir, j'ai dit doucement à Érika :

- Pensez y, vous pourriez peut être abandonner votre bonnet, vos cheveux sont superbes et ça ne choquerait personne au magasin général. Et puis, vous savez, je vous parle par expérience : il ne faut pas attendre qu'il soit trop tard pour dire à quelqu'un qu'on l'aime, et lui faire plaisir. Il y a tellement de choses que je regrette de ne pas avoir dites ou faites quand Nicholas était encore près de moi....

Erika m'a serrée dans ses bras et m'a dit qu'elle allait y penser. Mais elle n'a pas remis son bonnet sur sa tête pour partir rejoindre Nels qui l'attendait devant le seuil de la maison !

....]

Bon lundi :-)

♥♥♥