La Saga de Rose - Là où tout a commencé : la découverte du journal de Rose
To translate, use the Google button at the top right
Dans la mémoire collective des habitants la petite ville canadienne de ****, cette superbe maison avait toujours été là.
Le dernier propriétaire connu était parti approximativement dans les années 70, presque du jour au lendemain, pour s'installer aux États-Unis pour ses affaires, mais la maison avait été entretenue depuis tout ce temps par un contrat payé annuellement rubis sur l'ongle à une entreprise locale. C'était une construction robuste, comme on n'en fait plus de nos jours, et elle avait traversé les décennies en beauté, faisant toujours l'admiration des gens qui passaient par là. Il se disait qu'il s'y était vécu une belle histoire d'amour, mais comme il y avait longtemps de ça, et entre les on-dit et les ajouts dans les narrations verbales de l'histoire, plus personne ne savait vraiment si c'était vrai.
Entre ce mythe et le fait que la maison était entretenue comme si le propriétaire pouvait y revenir d'un jour à l'autre sans prévenir, pour ceux - peu nombreux - que ça intéressait, il y avait presque une aura de mystère autour des lieux.
Dans cette même ville vivaient deux cousines qui s'estimaient beaucoup malgré leurs différences sociales énormes.
Il y avait d'un côté Marianne, une belle rousse de 18 ans, étudiante à l'Université de Sherbrooke où elle voulait obtenir un diplôme sur l'étude de l'environnement ; elle fréquentait un jeune homme aux origines amérindiennes qui suivaient le même cursus universitaire. Les parents de Marianne avaient des revenus très modestes, et leur fille étudiait grâce à une bourse ; ils espéraient que leur seconde fille de 9 ans, Adèle, en obtiendrait une elle aussi quand le temps serait venu. Ils louaient depuis des années une petite maison dans un quartier modeste, et la mère de Marianne prenait chaque semaine un billet de loto, espérant gagner un jour suffisamment pour pouvoir acheter une plus grande maison avec un grand terrain. En dehors de l'écologie, Marianne s'était découvert une passion pour la généalogie ; elle s'y était intéressée quand son petit copain avait voulu trouver des détails sur ses origines amérindiennes et qu'elle l'avait aidé dans ses recherches.
Il y avait de l'autre côté Belle, une jolie blonde de 19 ans dont le but était de devenir diététicienne ; elle vivait avec son petit ami Ethan, étudiant en médecine, dans un joli appartement payé par ses parents. Ce qui n'était pas sans arrière-pensée de la part des parents de Belle, car, en retour, elle devait héberger régulièrement sa jeune sœur de 10 ans quand ses parents devaient s'absenter. Les parents de Belle étaient propriétaires d'une entreprise familiale qui s'étendaient dans tout le Canada et le nord des États-Unis et ils passaient une grande partie de l'année absents pour négocier des contrats ou régler des détails financiers et commerciaux, laissant alors la jeune Zoé chez sa grande sœur sans aucun regret ni complexe, parce que pour eux, les affaires passaient avant tout.
Au début de leur vie, les deux cousines ne se connaissaient pas. Toutefois, à l'adolescence, elles avaient eu l'occasion de se rencontrer lorsqu'elles avaient passé un week-end ensemble, invitées par un lointain parent pour une cousinade. Une sympathie immédiate les avait rapprochées au premier regard, et une amitié profonde s'était développée entre elles, années après années, au point de les lier presque fraternellement : Marianne allait voir Belle si elle avait une décision à prendre, et Belle allait voir Marianne si elle se posait des questions sur quoi que ce soit dans sa vie. Leur entrée dans la même université n'avait fait que renforcer ces liens.
Avec son goût pour la généalogie, Marianne avait réussi à remonter le temps et à recréer leur arbre généalogique jusqu'aux alentours de 1780.
Pour les deux cousines, la vie de déroulait donc tranquillement dans la petite ville de *** située au sud de Sherbrooke, à quelques kilomètres de la frontière américaine.
Toutefois, un jour, tout commença à changer.
C'était en février 2020. La mère de Marianne reçut la lettre d'un notaire qui l'avisait qu'elle était l'héritière de M.--- , un parfait inconnu qui lui léguait la belle maison ancienne ainsi qu'une petite somme d'argent.. Elle ne comprenait pas, et se demandait "pourquoi elle' ? jusqu'à ce qu'elle lise une lettre manuscrite cachetée qui devait lui être remise en main propre. Dans une confession posthume de M.---, elle y appris qu'elle n'était pas la fille de celui qu'elle pensait être son père, mais qu'elle était née d'une liaison entre sa mère et lui-même, qu'il était parti s'installer au Colorado pour ne pas gâcher la vie de son amante qui était déjà mariée, mais qu'il avait toujours pris des renseignements sur la vie de sa fille naturelle, et trouvait juste de lui léguer cette maison et tout ce qu'elle contenait parce qu'il avait appris que son propre grand-père l'avait obtenue de manière malhonnête en la rachetant une bouchée de pain à l'arrière arrière grand-père de Marianne durant la grande dépression, et qu'il jugeait normal qu'elle retourne à sa famille d'origine.
Par chance tout alla assez vite, et une fois le contre-coup de toutes ces nouvelles passé, les parents de Marianne eurent le temps de régler les démarches administratives et d'emménager dans la maison avant que le Grand Confinement se mette en place. Durant les semaines que dura le confinement, toute la famille s'installa et pris ses aises, émerveillés par la chance qu'ils avaient de vivre désormais dans cette grande et belle maison avec un grand terrain où la mère de Marianne pourrait enfin avoir un joli potager comme elle en rêvait depuis si longtemps.
Quand les températures remontèrent, ce qui arrive généralement à la fin mai dans cette partie du pays, les filles décidèrent d'explorer le grenier dans lequel était entassé un invraisemblable bric-à-brac de diverses époques. Elles commencèrent par la partie éclairée par les lucarnes, celle au dessus du corps principal de la maison ; il y avait des tas de vieux meubles, de vieilles malles, des accessoires, des vieux vêtements, des vieux livres, le tout très poussiéreux. Puis elles arrivèrent dans un recoin plus sombre, situé au dessus de la verrière, un endroit qui ressemblait à une ancienne pièce lambrissée, où l'accumulation d'objets était identique à celle du grand grenier, mais où très peu de poussière s'était déposée.
C'est bizarre d'imaginer que tous ces objets on été utilisés par nos ancêtres, dit Marianne à sa jeune sœur en s'approchant.
La jeune Adèle n'était pas rassurée ; pour s'occuper pendant le confinement, elle avait lu plusieurs volumes de la série "Fais moi peur", qui, bien que prévus pour la jeunesse, lui avaient laissé une belle frousse des greniers !
Regarde, il y a même une vieille poupée, s'exclama Adèle.
Remets-là où elle était avec soin, elle est en porcelaine, c'est fragile, lui conseilla Marianne.
La petite fille sa lassa vite de regarder ces vieux objets dont elle ne voyait pas l'intérêt et elle redescendit regarder un programme à la télé.
Mais avec les recherches généalogiques, et avouons-le, avec son incurable romantisme, Marianne avait pris goût aux choses du passé, et elle décida de toute explorer.
Et elle commença en ouvrant une malle qui se trouvait devant elle.
Tout d'abord, elle n'y vit que du linge, et même un vieux corset ! Comment pouvait-on porter des choses pareilles ?! se dit elle en souriant.
Puis elle découvrit un portrait de femme. Son regard resta accroché aux yeux qui la fixaient à travers la vitre du vieux cadre. Elle se sentait bizarre en l'observant, comme si une espèce de lien les reliait, ou comme si cette femme qui la regardait si intensément voulait lui parler.
Elle posa doucement le portrait debout dans la porte de la malle, et continua de fouiller.
Elle découvrit alors un second portrait, celui d'un bel homme barbu ; comme les cadres étaient identiques pour les deux vieilles photos, Marianne en déduisit que c'était le mari et la femme. Et elle posa doucement le second portrait auprès du premier.
Continuant à inventorier le contenue de la malle, elle en sorti trois cahiers reliés de cuir noir, portant la date de trois années : 1870, 1871 et 1872. Le troisième cahier s'arrêtait en plein milieu, à la date du 18 juillet 1872.
Marianne commença à lire la première page de celui de 1870, au bout de quelques lignes, elle comprit que c'était le journal intime de son aïeule, Rose, dont elle avait noté le nom quelque part dans l'arbre généalogique de la famille. Elle avait retenu ce nom parce qu'elle trouvait que Rose était un joli prénom.
Elle s'assit et se plongea dans la lecture des souvenirs du passé qui surgissaient devant ses yeux. Elle n'était plus là, elle était mentalement partie au 19e siècle, et page après page l'image et le caractère de son ancêtre se dessinait, avec tant de détails qu'elle eut l'impression de la voir vivre devant elle.
Marianne passa toute la fin de la matinée dans le grenier, puis après un repas avalé à toute vitesse, elle y retourna l'après-midi où elle continua sa lecture. Elle ne revint dans le monde réel de 2020 que plusieurs heures plus tard, après avoir pleuré, avoir ri, avoir eu peur, avoir espéré, au même rythme que son ancêtre Rose avait pleuré, avait ri, avait eu peur et avait espéré, jour après jour, comme en témoignaient ses écrits.
Quand elle referma le 3e cahier, elle sourit tendrement aux portraits, et se leva pour aller téléphoner à sa cousine Belle.
J'ai quelque chose à te montrer, je peux passer chez toi demain ? demanda-t-elle.
Viens manger à midi ; je suis en train de travailler sur une recette, tu me diras ce que tu en penses, répondit Belle.
Le lendemain, Marianne apporta les 3 tomes du journal intime de Rose, elle raconta à sa cousine ce qu'elle avait lu dedans, puis en repartant le soir, elle les lui confia, pour qu'elle les lise à son tour.
À partir de ce jour, les deux cousines sentirent qu'un lien s'était tissé entre le passé et le présent, et qu'elles faisaient partie intégrante de ce lien ; elles lurent et relurent ces pages, se passant et se repassant les cahiers, au point de connaître tous les détails de l'émouvante vie de cette courageuse et admirable femme pleine d'amour et de générosité qu'était leur ancêtre commune.
Au travers du temps, au travers de ses écrits, Rose ne vivait pas seulement dans leurs gênes, elle vivait aussi dans leurs esprits.
Bon vendredi :-)
♥♥♥