Le succès du thé entre amis
To translate, use the Google button at the top right
Extrait du journal de Rose - Dimanche 17 janvier
[... Comme je te l'avais expliqué hier, en nous rendant à l'office du dimanche, nous avons présenté Jane à tous ceux qui étaient présents, et tout particulièrement ensuite à la famille Andersen dont nous sommes proches.
Dans un premier temps, la retenue dont Jane a fait preuve à ce moment là m'a inquiétée, surtout quand elle s'est accrochée à ma main et serrée contre moi. Mais comme tout le monde la regardait, sans doute avec bienveillance, mais aussi avec beaucoup de curiosité car l'histoire de l'orpheline naufragée a vite fait le tour du village, je me suis dit que sa timidité devait être mise à rude épreuve. Surtout quand la petite peste de Melly McGill l'a observée comme un entomologiste observe une fourmi, puis s'est retournée vers sa mère pour lui dire à haute voix que sa cape et son chapeau étaient très élégants et qu'elle aimerait bien avoir les mêmes. Il est vrai que même si les McGill sont toujours très bien habillés, ce qui est normal pour la famille du maire, les vêtements de haute qualité que les parents de Jane lui faisaient porter sont très au dessus du style général des habits dans notre village.
J'avais demandé à la petite Catja qu'elle apporte sa poupée lorsqu'elle viendrait prendre le thé avec ses frères et soeurs dans l'après-midi ; je pensais que les deux fillettes auraient là un terrain d'entente commun propice à nouer une première conversation.
Lorsque les jeunes Andersen sont arrivés, mon jeune nigaud de frère et son ami Erik sont immédiatement sortis faire de la luge sur la petite montée de notre jardin où la neige fraichement tombée leur a permis de faire des glissades endiablées. Peu intéressées par leurs cabrioles en raison du froid mordant de cette journée de janvier, les grandes filles sont allées bavarder dans le salon, pendant que Jane et Catja faisaient doucement connaissance en vantant les mérites de leurs poupées respectives qu'elles se sont mutuellement présentées ; il n'a pas fallu longtemps pour que Jane emmène Catja voir le service à thé de sa poupée et qu'elles se mettent à jouer ensemble. J'étais tellement heureuse de les voir nouer des relations si facilement que cela m'a enlevé un poids des épaules, bien plus que tu ne pourrais l'imaginer.
À 15 h 30, j'ai sonné le rassemblement pour que tout le monde s'installe autour de la table de la cuisine ; nous avions du aller chercher des chaises au salon pour que les huit puissent s'y asseoir tous ensemble pour partager la tarte aux myrtilles et les petits pains moelleux aux épices que Adrienne avait préparé, ainsi que la tarte aux framboises que Madame Andersen avait fait apporter par ses filles. Tout le monde s'est assis, sauf les deux grands garçons qui étaient toujours dehors avec leur luge et qui sont arrivés en courant aussitôt le premier appel lancé, sans doute de crainte qu'il ne ne leur reste rien à manger !
Je les ai tous observés un moment depuis la porte de la cuisine, puis je suis retournée dans le salon auprès de Joséphine et Adrienne avec qui j'ai pris le thé à mon tour, dans une ambiance sereine, rassurées que nous étions toutes les trois d'avoir la certitude que Jane s'était vite fait une amie en la personne de Catja, et que grace à cela, elle ne se sentirait pas seule à l'école, et aurait même peut être bien l'envie d'y aller au plus vite.
Je vais te décrire la scène telle que je l'ai aperçue autour de la table de la cuisine : il y avait le jeune Svend, qui se désintéressait complétement des discussions des autres et ne s'intéressait qu'au petit pain qu'il s'apprêtait à dévorer. Ensuite, on voyait ma soeur Liliane, qui échangeait des secrets de filles avec sa grande amie Kristin.
Plus à droite, il y avait Jane et Catja, en grande discussion, chacune avec sa poupée sur les genoux.
Mais il y avait aussi Karen, qui, à 12 ans, est à un âge "entre deux", pas encore tout à fait une jeune fille comme les deux grandes, mais plus vraiment une enfant comme les deux petites, dont elle écoutait la discussion avec un soupçon d'envie.
Et pour finir, encore debout avec leurs vêtements d'extérieur, on voyait les deux grands garçons, avec l'air si typique de leur âge et les réflexions moqueuses qu'ils croient spirituelles ; on dit que les garçons grandissent moins vite que les filles, je le vois bien avec ces deux là !
Ce thé garni s'est terminé dans la bonne humeur, et nous avons eu du mal à séparer Jane et Catja lorsque l'heure de repartir a sonné pour la fratrie Andersen. Elles jouaient comme deux amies qui se sont toujours connues et se sont embrassées avec mille promesses de se retrouver bientôt.
Ce soir, nous avons eu droit à d'innombrables réflexions à tout propos, "Catja a demandé...", "Catja pense que...", "Catja a prévu que nous ferions....". Elle a même demandé à avoir un tablier comme sa nouvelle amie ! Petite Jane s'endormira sûrement avec le sourire ce soir, j'espère du fond du coeur que ça l'aidera à passer enfin une nuit sans mauvais rêves. Et je t'avoue que je dormirai aussi un peu plus rassurée à son sujet.
....]
Bon vendredi :-)
♥♥♥
PS : pour aider un peu ceux ou celles d'entre vous qui ont du mal à se rappeler qui est qui, voici les prénoms et âges des personnages de l'histoire ci-dessus :
Famille Andersen : 2 x 2 jumeaux : Kristin et Erik, Catja et Svend, puis Karen
Famille Bonnefoy : Rose Bonnefoy-Ziegler (nom de jeune fille + nom de veuve), Liliane et Narcisse Bonnefoy, (+ Pauline Ziegler, le bébé de Rose, Adrienne Warren et Joséphine Monge, les locataires et amies, non présentes dans les photos ci-dessus).