Le journal de Rose - Stérilisation,congélation et explications
Adrienne, surnommée Addy. travaille chaque après-midi au magasin général dont sont propriétaires Erika et Nils.
Pendant ce temps, c'est Joséphine, la couturière à domicile (qui, comme Addy, vit en location chez Rose), qui garde le bébé, puisque Rose ne peut le faire, étant elle-même institutrice.
Ce jour là, Addy rentre du travail pendant que Rose passe un coup de balai dans la cuisine avant de commencer à préparer le souper.
- Erika m'a dit de t'apporter tous ces pots Masson, et il prait qu'il y en aura encore demain, dit-elle en entrant. Je vais t'expliquer pourquoi.
Suprise, Rose lui répond :
- Enlève ta cape et assieds-toi. Mon frère et ma soeur ont raccompagnés leur amis Kirstin et Erik après l'école, j'appelle Joséphine et on va prendre un thé toutes les trois, au calme, avant qu'ils rentrent ! Tu nous racontera ça.
Joséphine arrive de son atelier de couture, installé dans le salon de Rose. Les filles s'installent. Addy s'empare immédiatement du bébé (elle l'adore !), et explique :
- La récolte de citrouilles a été plus importante que prévue chez nous, et elle ne se vendent pas bien par chez nous, mais ça n'a pas été le cas partout. Alors Erika et Nils ont discuté avec leurs neveux, les Larson, et ils ont proposé que vous fassiez tous des conserves de citrouilles pour toutes les utiliser jusqu'à la dernière ; ainsi ils en auront à expédier cet hiver quand ils n'en auront plus ailleurs, et vous, vous, toucherez une prime pour chaque pot vendu.
Rose (19 ans) est très contente, car depuis la présumée mort de ses parents et de son jeune époux l'hiver dernier, quand ils ont disparu durant un blizzard (tempête de neigne arrivant brutalement, violente, faisant perdre tous les repères et pouvant durer plusieurs jours), et malgré les petits loyers que payent Addy et Joséphine, et avec sa paye d'institutrice, elle vit correctement, mais regrette souvent de ne pas pouvoir faire quelques folies, pour elle autant que pour son frère et sa soeur.
Arrive le samedi, il n'y a pas d'école, et Rose embauche sa soeur Lily (14 ans) pour faire les conserves avec elle. Pendant ce temps, son frère, Narcisse (15 ans) les observe en dévorant une tranche de pain beurrée, car il a toujours faim !
Rose dit à Lily :
- Aux premiers bocaux vendus, j'achèterai un beau tissu chez Erika et Nils, et je demanderai à Joséphine de te coudre une nouvelle robe.
À cette idée, Lily est ravie et travaille avec enthousiame.
Rose ajoute :
- Et toi, Narcisse, tu auras peut être bien une vraie veste d'homme, mais seulement si tu fais un peu plus d'efforts en classe.
Narcisse ronchonne :
- J'ai vraiment pas de chance que l'institutrice du village soit justement ma soeur, pfff !
Au bout d'un moment (et de la troisième tranche de pain beurré de Narcisse !), Lily s'exclame :
- À force de faire ça, je crois que je ne vais plus pouvoir supporter de manger de la citrouille pendant plusieurs années !
- Ce n'est pas grave, répond Narcisse, je mangerai tes parts de tarte à la citrouille, de muffin à la citrouille, de purée de citrouille, de soupe de citrouille, de...
- Stooooop ! s'exclame Rose en riant. Vas plutôt nous chercher un autre panier de citrouilles à préparer, et allume le feu sous la cuve d'eau que j'ai mise dehors.
L'eau dans la cuve, c'est bien sur pour stériliser longuement les bocaux dans lesquels Lily place les cubes de citrouilles qui ont été pré-cuits sur le poële (longuement car, en raison de son taux d'acitité très bas, la citrouille ne se conserve pas bien, il faut la cuire à moitié en gros dés, la mettre dans les bocaux avec l'eau de cuisson, et ensuite les stériliser pendant 90 minutes pour des bocaux de 1 litre).
Savez-vous de quand datent les premiers pots à conserve en verre comme les utilisent ici Rose et Lily ?
Ce modèle date de 1854, année où James Mason dépose aux USA le brevet d’un couvercle métallique vissable comportant un joint annulaire en caoutchouc, rendant hermétique la stérilisation dans des bocaux de verre.
Il est appelé pot Masson, du nom de son inventeur, et c'est celui qu'on trouve presque exclusivement en Amérique du nord :
Mais en Europe, il y avait des pots de verre pour les conserves depuis plus longtemps que cela.
La stérilisation a été "inventée" par Nicolas Appert, confiseur, et révolutionnaire. Après la révolution, il oriente ses travaux sur les solutions à apporter aux faiblesses des moyens de conservation de l’époque. Prenant en compte plusieurs critères (modification du goût, coût et qualités nutritives), il met au point en 1795 un procédé qui rend possible la mise en conserve des aliments ; procédé appelé l'appertisation.... soit soixante ans avant Louis Pasteur et son procédé de pasteurisation.
Estimant que sa découverte est un bienfait pour l'humanité, il refuse de déposer un brevet, afin que tout le monde y ait accès.
En 1802, il crée à Massy la première fabrique de conserves au monde, où il emploie une cinquantaire d'ouvrières, et il devient fournisseur de la marine française. Puis il écrit un guide publié à 6 000 exemplaires et envoyé dans la France entière par l'intermédiaire des préfectures : "L'Art de conserver pendant plusieurs années toutes les substances animales et végétales.".
Dès ce moment, sa méthode de conservation se voit copiée par les anglais... qui ne lui versent aucune compensation financière, et se contentent de l’honorer du titre symbolique de « bienfaiteur de l’humanité » !! Utilisant la technique Appert, reprise dans un brevet déposé par Peter Durand, les anglais utilisent des boîtes en fer-blanc qui ont l’inconvénient de ne s’ouvrir que très difficilement (l'invention de l’ouvre-boîtes n’arrivera que beaucoup plus tard !).
Le déclin de la marine après les guerres napoléonniennes, puis l'invention anglaise des boites de conserve, ont finalement amené Nicolas Appert à la ruine. Âgé de quatre-vingt-onze ans, veuf, sans argent pour s’offrir une sépulture, ilmeurt le 1er juin 1841 à Massy, où son corps est déposé dans la fosse commune.
Triste histoire pour quelqu'un qui a tant apporté à l'humanité tout entière.
De nos jours, en France, vous connaissez tous les bocaux Le Parfait :
Leur invention, avec la patte de fermeture métallique, date de 1835, à Reims.
Mais auparavant, il y avait un autre système, diffusé par plusieurs marques comme Le Meilleur et Le Pratique. Voici quel était leur principe de fermeture, peu fiable, car si on bousculait le pot, l'air risquait de s'infiltrer dedans, et la conserve de se gâter :
Et de nos jours............ en 2019
- Tu te rends compte, s'exclame Belle, autrefois, mes aïeules devaient faire un gros travail pour conserver des citrouilles afin d'avoir les provisions de l'année. Ça leur prenait des heures de travail.
Elle continue :
- Moi, j'ai juste à découper la citrouille, la couper en morceaux, les mettre dans un sac et les glisser dans le congélateur. Quelle chance nous avons de vivre à notre époque.... pas pour tout, mais tout au moins pour certaines choses comme celle-là.
Effectivement, pour conserver une citrouille, il vous suffit de bien la laver, la découper en quartiers, puis en cubes, et de les mettre à congeler ; lors de la décongélation, les dés auront été pré-cuits par le gel, et seront utilisés comme ceux des bocaux. On ne fait pas plus simple.
Vous remarquerez la boite de Ziploc, je l'ai créée sur le logiciel Corel PSP, et imprimée puis collée. Si elle vous intéresse, vous pouvez me demander le fichier à imprimer, je vous l'enverrai (il est à l'échelle des poupées 46 à 50 cm).
Les couteaux sont fabriqués maison également, le manche est en mousse de bricolage très dense épaisseur 12 mm, et la lame en aluminium de bricolage épais.
Que vous stérilisiez, ou que vous congeliez, ou que vous vous contentiez de consommer, je vous souhaite un bon dimanche !
♥♥♥