Tous cousins ?
(english below) - Suite de l'article précédent ICI
Vendredi, comme les mousquetaires, les trois amies étaient quatre.
C'est que Belle avait téléphoné à Marianne, sa cousine qui vit dans l'ancienne et si belle maison bleue où a vécu leur ancêtre Rose, pour lui expliquer que le mari de son amie Nirlik paraissait être le descendant des Andersen, et le mari de son amie Jessica celui d'Adrienne.
Or, Marianne est devenue passionnée de généalogie depuis qu'elle avait découvert le journal intime de Rose au grenier. Elle a créé son arbre généalogique et espère arriver à retracer les descendants de tous les personnages qui ont été si proches de son ancêtre en l'aidant à traverser les années difficiles de son "pseudo veuvage". Elle a téléphoné aux deux maris en questions pour en avoir le cœur net, puis elle a effectué quelques recherches.
Elle a pris une après-midi sur ses jours de congés pour se joindre à la réunion des trois amies et elle est arrivée avec un gros dossier contenant des copies de documents concernant son ancêtre Rose et toutes les informations qu'elle a réussi à regrouper au fil du temps, ainsi que l'arbre généalogique qu'elle a constitué.
Elle leur a donné des détails précis, et expliqué les imbrications des familles, celle de Rose et de ses amies Joséphine et Adrienne, celle des Andersen, ceux qui ont quitté le village, et ceux qui y sont revenus.
Puis elle explique :
- Belle et moi sommes les descendantes de Rose par sa fille Marie-May, celle dont Rose était enceinte quand son mari a disparu. Nous sommes cousines au 3e degré, nous avons la même arrière-grand-mère et nos enfants sont donc cousins au 4e degré.
En ce qui te concerne Nirlik, ton mari serait notre cousin au 6e ou au 7e degré puisque seuls Erik Andersen, qui a épousé Liliane, la sœur de Rose, a eu un garçon, Peter, qui a vécu jusqu'à l'âge de se marier. Étonnamment, cette famille a eu beaucoup de filles à cette génération-là, et un seul autre garçon qui est mort jeune ; Peter est donc le seul qui aurait pu transmettre le nom d'Andersen au père de ton mari.
Jessica, je n'ai pas encore d'informations définitive confirmées pour la lignée de ton mari depuis Adrienne, parce que je n'avais pas eu de réponse à une demande faite il y a déjà longtemps. Mais je viens de faire une recherche par une autre ressource généalogique qui existe depuis peu, et si ce que j'ai trouvé se confirme, c'est-à-dire que l'arrière-petite fille de Magnus Andersen a épousé un homme du même nom que celui qu'Adrienne a épousé deux générations plus tôt, ce qui ne me parait pas être une coïncidence d'homonymes, eh bien, Mesdames, nous allons constater que tous nos enfants, dont ces deux-là ici présents, sont tous cousins !!!
Marianne s'arrête là, laissant les amies digérer l'information.
Information qui ne semble pas perturber un des "cousins" présumés, le jeune Malo qui suce consciencieusement l'oreille de son doudou.
Ni l'autre cousine potentielle qui vide tranquillement son biberon rempli d'un mélange de jus de mandarine et d'eau.
Mais les trois mamans se regardent, partagées entre l'étonnement et l'amusement.
Elles parlent de cette étonnante découverte tout en se décidant à manger leur part de tarte aux myrtilles qui avait un peu été oubliée dans le feu de l'action.
Puis, une fois qu'elles furent bien restaurées, Belle a repris la lecture du journal de Rose.
Extrait du journal de Rose - 23 avril 1872
...[ Mon bien-aimé.
J'ai eu une journée difficile à l'école, avec la visite de l'inspecteur du gouvernement. La nuit avait été très courte parce que Marie-May a fait un cauchemar et que je n'ai pu me rendormir lorsqu'elle le fut. À deux ans et quelques mois, elle commence à être impressionnée par des choses qu'elle voit ou qu'elle entend, et je crois que je vais demander à Adrienne de faire attention à ce qui se dit devant elle durant la journée.
Mais je suis certaine que tout ira mieux demain après une nuit de sommeil.
Tu me manques tant. Quand je regarde notre fille, j'ai l'impression de te voir, et c'est encore pire. Elle grandit et ses mimiques sont les tiennes, son regard et son sourire sont les tiens. Elle est à la fois toi et moi, mais elle n'est pas toi. Et le regret de ne pouvoir partager avec toi toutes ses "premières fois" devient douleur.
Bien sûr, chaque soir, quand le silence de la nuit s'installe dans la maison, je te rejoins en pensée par l'intermédiaire de ce journal et j'ai l'impression de te parler, mais dès que je referme les pages, c'est de plus en plus difficile de revenir à la réalité.
C'est aussi de plus en plus difficile de retrouver la chambre où tu ne dormiras encore pas ce soir auprès de moi.
C'est en fait de plus en plus difficile de vivre sans toi, mais je veux y croire : nous nous retrouverons, et Dieu te ramènera à moi.
Bonne nuit mon aimé. À demain.
]...
Des larmes coulaient sur les joues de Belle pendant qu'elle lisait, et les yeux de ses amies étaient embués. Comme la semaine passée, les deux bébés semblaient suspendus à ses lèvres, ajoutant presque de l'intensité à leur ressenti commun.
Elles ont décidé de s'arrêter là pour aujourd'hui et de se retrouver mardi. La lecture du journal d'avril annonçait que la fin arrivait bientôt puisqu'il s'arrêtait en juillet de cette année-là, et elles avaient tellement d'espoir pour Rose qu'elles étaient impatientes d'y arriver.
Bonne journée :-)
♥♥♥
Continued from the previous article HERE
On Friday, like the musketeers, the three friends were four.
Belle had called Marianne, her cousin who lives in the old and beautiful blue house where their ancestor Rose lived, to explain to her that her friend Nirlik's husband seemed to be the descendant of the Andersens, and her friend Jessica's husband that of Adrienne.
Now, Marianne has become passionate about genealogy since she discovered Rose's diary in the attic. She created her family tree and hopes to be able to trace the descendants of all the people who were so close to her ancestor by helping her through the difficult years of her "pseudo widowhood". So, she called the two husbands in question to get to the bottom of it, then she did some research.
She took an afternoon out of her days off to join the meeting of the three friends and she arrived with a large folder containing copies of documents concerning her ancestor Rose and all the information she had managed to gather over time, as well as the family tree she had created.
She gave them precise details, and explained the overlapping of the families, that of Rose and her friends Joséphine and Adrienne, that of the Andersens, those who left the village, and those who returned.
Then she explained:
- Belle and I are descendants of Rose through her daughter Marie-May, the one Rose was pregnant with when her husband disappeared. We are third cousins, we have the same great-grandmother and our children are therefore fourth cousins.
As for you Nirlik, your husband would be our 6th or 7th cousin since only Erik Andersen, who married Liliane, Rose's sister, had a boy, Peter, who lived to marry. Surprisingly, this family had many girls in that generation, and only one other boy who died young; so Peter is the only one who could have passed on the Andersen name to your husband's father.
Jessica, I do not yet have definitive confirmed information for your husband's lineage since Adrienne, because I had not had an answer to a request made a long time ago. But I just did a search through another genealogical resource that has recently existed, and if what I found is confirmed, that is to say that Magnus Andersen's great-granddaughter married a man with the same name as the one Adrienne married two generations earlier, which does not seem to me to be a coincidence of namesakes, well, ladies, we will see that all our children, including these two here present, are all cousins!!!
This information does not seem to disturb one of the presumed "cousins", young Malo who conscientiously sucks the ear of his teddy bear.
Nor the other potential cousin who calmly empties her bottle filled with a mixture of mandarin juice and water.
But the three mothers look at each other, torn between astonishment and amusement.
They talk about this amazing discovery while deciding to eat their slice of blueberry pie that had been somewhat forgotten in the heat of the moment.
Then, Belle resumed reading Rose's diary.
Excerpt from Rose's diary - April 23, 1872
...[ My beloved.
I had a difficult day at school, with the visit of the government inspector. The night had been very short because Marie-May had a nightmare and I could not fall back asleep when she did. At two years and a few months, she is beginning to be impressed by things she sees or hears, and I think I will ask Adrienne to pay attention to what is said in front of her during the day.
But I am sure that everything will be better tomorrow after a night's sleep.
I miss you so much. When I look at our daughter, I feel as if I see you, and it is even worse. She is growing up and her expressions are yours, her look and her smile are yours. She is both you and me, but she is not you. And the regret of not being able to share with you all these "first times" becomes pain.
Of course, every evening, when the silence of the night settles in the house, I join you in thought through this journal and I feel like I'm talking to you, but as soon as I close the pages, it's harder and harder to come back to reality.
It's also harder and harder to find the room where you won't sleep next to me tonight.
It's actually harder and harder to live without you, but I want to believe it: we will meet again, and God will bring you back to me.
Good night my beloved. See you tomorrow.
]...
Tears ran down Belle's cheeks as she read, and her friends' eyes were misty. Like last week, the two babies seemed to hang on her lips, almost adding intensity to their shared feeling.
They decided to call it a day and meet up again on Tuesday. Reading the April diary said the end was coming soon since it ended in July of that year, and they had so much hope for Rose that they couldn't wait to get there.
Have a nice day :-)
♥♥♥