Traineaux à chiens et souvenirs...
(english below) Cet après-midi, Nilaq a attelé six huskies de un an derrière un grand malamute expérimenté. Tout le monde est sorti pour voir comment se comportaient ces jeunes chiens qui vont prendre confiance en eux avec la présence de 'l'ancien". À l'automne prochain, lorsqu'ils seront parfaitement au point, ils iront rejoindre leur futur propriétaire (***), un club de mushing (**) dépendant d'un centre hôtelier touristique).
Sikuaq et Pimniq se sont chicanés parce qu'ils voulaient monter l'un et l'autre sur le traineau pour cette randonnée, mais Nilaq a désamorcé la dispute en leur expliquant que les huskies étaient encore trop jeunes pour tirer autant de poids. Ce qui n'était pas tout à fait vrai, dans la mesure où les deux enfants sont très légers et que Suka, le gros malamute géant (****) de 60 Kg est capable de tirer 200 Kg à lui tout seul, mais l'argument a porté et ils ont accepté de descendre.
Nirlik est rêveuse. Ce malamute est le descendant de Suka, un des deux braves chiens qui les accompagnaient partout, elle et sa sœur, lorsqu'elles étaient petites.
Elle se rappelle ce Noël si particulier où leur père leur avait fabriqué un petit traineau, pour qu'elles aillent se promener librement quand trop de neige était tombée pour qu'elle arrive à pousser le fauteuil roulant monté sur skis de sa sœur.
Le père des jumelles élevait des chiens bien que "la mode" en fut passée depuis longtemps. Essentiellement depuis que les blancs avaient tué la plupart des chiens, et que les Inuits avaient alors adopté la motoneige, avec ses inconvénients (pannes techniques, besoin d'essence, etc). Mais certaines personnes étaient restées attachées aux traineaux à chiens, et l'élevage du père des jumelles passait pour être le meilleur du Nunavik, avec des bons chiens parfaitement dressés en douceur, sur le long terme, ce qui donnait des animaux forts et courageux en toutes circonstances.
Par voie de conséquence, Nirlik avait été initiée au mushing depuis sont plus jeune âge, ou presque, et là, à l'âge de sept ans, elle savait qu'elle et sa sœur avaient la liberté qui s'ouvrait devant elles car elle saurait les mener où elles en avaient envie.
Son père était immensément heureux de les voir tellement joyeuses en découvrant ce cadeau de Noël.
Suka et Eska semblaient enthousiastes eux-aussi, en bons chiens de traîneau qu'ils étaient, à peine leur harnais enfilé qu'ils étaient prêts à démarrer la promenade.
Toutefois leur mère, elle, était un tout petit peu moins enthousiaste. Elle n'avait pas oublié "l'anecdote" des ours polaires qui remontait à quelques semaines de ça, et même si elle était rassurée par la présence des chiens auprès de ses filles, elle se demandait bien ce que ces deux diablotines allaient encore bien pouvoir inventer avec ce nouveau moyen de locomotion !
Nirlik est perdue dans ses rêves. Elle imagine qu'ils sont là, tous ensemble, même si ce n'est malheureusement plus possible pour son père. "Quelles belles courses de traîneaux auraient-ils pu faire ensemble" se dit-elle en souriant.
Elle ressent le besoin d'aller téléphoner à sa jumelle pour lui rappeler leur cadeau de Noël d'il y a si longtemps déjà. Mais elle est certaine que Saïla a aussi repensé à ça et qu'elle s'attend à son appel : le lien entre les jumelles est impossible à rompre, et ce n'est pas une simple distance de 5174 km entre Sherbrooke et Saint Pierre de Quiberon, ni même un océan, qui va réussir à réduire leur complicité.
Bonne journée :-)
♥♥♥
(**) le terme "musher", qui veut dire diriger un traîneau à chien (et qui a donné "mushing" après son adoption par la langue anglaise), provient du verbe français « marcher » . Ce sont probablement les colons français qui ont exploré le nord canadien au 17e et 18e siècle, puis le grand nord au 19e siècle qui ont introduit ce terme lorsqu'ils ont adopté ce moyen de déplacement pour transporter des marchandises.
(***) un chien doit avoir terminé sa croissance (18 à 24 mois selon la race et la taille) avant de commencer toute traction lourde ou de longue durée, mais sa formation au port du harnais et tractation d'un charge très légère commence aux alentours de 6 à 9 mois.
(****) chien malamute géant, voir ICI
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This afternoon, Nilaq harnessed six one-year-old huskies behind a large, experienced malamute. Everyone went out to see how these young dogs behaved, who will gain confidence in themselves with the presence of the '"elder". Next fall, when they are perfectly ready (***), they will go and join their future owner, a mushing club (**) dependent on a tourist hotel center).
Sikuaq and Pimniq argued because they both wanted to get on the sled for this hike, but Nilaq defused the argument by explaining to them that the huskies were still too young to pull so much weight. Which was not entirely true, since the two children are very light and Suka, the big giant malamute (****) of 60 kg is capable of pulling 200 kg on his own, but this good argument carried through and they agreed to go down.
Nirlik is pensive. This malamute is the descendant of Suka, one of the two good dogs who accompanied them everywhere, she and her sister, when they were little.
She remembers that very special Christmas when their father had made them a little sled, so that they could go for a walk freely when too much snow had fallen for her to push her sister's wheelchair fixeded on skis.
The twins' father raised sled dogs although the "fashion" for it had long since passed. Mainly since the whites had killed most of the dogs, and the Inuit had then adopted the snowmobile, with its drawbacks (technical breakdowns, need for gasoline, etc.). But some people had remained attached to dog sledding, and the breeding of the twins' father was considered to be the best in Nunavik, with good dogs perfectly trained gently, over the long term, which produced strong and courageous animals in all circumstances.
As a result, Nirlik had been introduced to mushing since she was very young, and there, at the age of seven, she knew that she and her sister had freedom opening up before them because she would be able to take them wherever they wanted.
Her father was immensely happy to see them so happy upon discovering this Christmas present.
Suka and Eska seemed enthusiastic too, as good sled dogs that they were, barely putting on their harnesses that they were ready to start the walk.
However, twins' mother was a little less enthusiastic. She had not forgotten the "anecdote" of the polar bears that went back a few weeks ago, and even if she was reassured by the presence of the dogs with her daughters, she wondered what these two little devils were still going to be able to invent with this new means of locomotion!
Nirlik is lost in her dreams. She imagines that they are there, all together, even if it is unfortunately no longer possible for her father. "What beautiful sled races they could have done together" she says to herself with a smile.
She feels the need to go and call her twin to remind her of their Christmas present from so long ago. But she is certain that Saïla has also thought about it and that she is expecting her call: the bond between the twins is impossible to break, and it is not a simple distance of 5174 km between Sherbrooke and Saint Pierre de Quiberon, nor even an ocean, that will succeed in reducing their complicity.
Have a nice day :-)
♥♥♥
(**) the term "musher", which means to lead a dog sled (and which gave "mushing" after its adoption by the English language), comes from the French verb "marcher". It was probably the French settlers who explored northern Canada in the 17th and 18th centuries, then the far north in the 19th century who introduced this term when they adopted this means of transport to transport goods.
(***) a dog must have finished growing (18 to 24 months depending on the breed and size) before starting any heavy or long-term traction, but its training in wearing a harness and pulling a very light load begins around 6 to 9 months.
(****) giant malamute dog, see HERE