Le cas Amandine
(english below)
Je ne sais pas à quelle date précise les enfants rentreront en classe chez vous, mais ici, c'est le 26 août. Les enseignants sont rentrés aujourd'hui, et ceux de l'école du village n'y font pas exception.
Dans la matinée, Melle Bidden préparait sa salle de classe double des 1ère et 2e années (=CE1 et CE2), quand Mme Robinson, la directrice de l'école (qui est également la maitresse des 3e et 4e année), est venue discuter avec elle du cas d'Amandine Oleson, avec la mère de laquelle elles ont enfin obtenu un rendez-vous en début d'après-midi (après que quatre rendez-vous antérieurs aient été annulés par cette dernière).
Les deux femmes travaillent ensemble depuis trois ans et ont beaucoup d'estime mutuelle, étant sur la même longueur d'ondes au niveau de la manière respective de faire leur travail.
Ce n'est pas le cas avec l'instituteur des 5e et 6e années qui semble un peu "à l'écart" (ici, la 6e année, correspondant à la 6e en France, est considérée comme du cycle primaire).
Elles savent que Mme Oleson est très tolérante avec Amandine en raison de la maladie et du handicap de sa fille, ce qui peut se comprendre. Toutefois, Mme Robinson voudrait arriver à lui faire admettre que ce n'est pas seulement le rôle de l'école d'apprendre la discipline à sa fille, et qu'en tant que directrice de l'établissement, il lui est impossible de continuer à tolérer que la fillette se comporte comme elle l'a fait durant les derniers mois de l'année scolaire écoulée, perturbant régulièrement la classe par son indiscipline et narguant prétentieusement ses camarades sous prétexte que ses parents tiennent la supérette et la boulangerie du village.
Mme Robinson s'est installée sans façon à un pupitre pour discuter avec sa collègue de la manière d'aborder le sujet auprès de la maman d'Amandine, lorsqu'elles ont eu la surprise de la voir arriver avec ses enfants à cette heure de la matinée.
- Bonjour ! J'espère que nous ne vous dérangeons pas dans votre préparation de la rentrée, et je sais bien que je n'avais rendez-vous que cet après-midi, mais l'examen médical d'Amandine était tellement invasif et douloureux hier que je lui ai promis que je les emmènerai au zoo cet après-midi, alors nous voilà avec juste quelques petites heures d'avance !!
Mme Robinson ne se laisse pas démonter.
- Aucun problème puisque nous sommes là toute la journée pour mettre en place la rentrée de vendredi. Que nous nous parlions ce matin ou cet après-midi ne change pas grand-chose.
- C'est bien ce que je m'étais dit ! répond Mme Oleson avec aplomb.
- Les enfants, vous voulez bien aller jouer dans la cour de récréation, s'il vous plait, demande Mme Robinson.
- Oui Madame ! Tout de suite Madame ! répondent Chocapic et Framboisine.
Mais Amandine proteste.
- Je sais bien que vous allez parler de moi, alors je veux rester ici, déclare-t-elle sans façons.
- Ma chérie, écoute ta directrice, et vas-y. Je te promets que ça ne sera pas long, lui dit sa mère.
- Mais.. M'man, je veux entendre !
- Amandine, tu sors rejoindre ton frère et ta sœur dans la cour : nous avons à parler entre adultes. Merci ! ordonne Mme Robinson d'un ton ferme.
Amandine sort en ronchonnant.
- Mme Oleson, vous avez vu le comportement d'Amandine : elle regimbe, elle répond, elle exige, et elle n'obéit que sous la contrainte. Elle perturbe la classe et entraine certains de ses camarades qui étaient de bons élèves sages. Vous comprenez que ce n'est pas tolérable à l'école. Je vous en avais déjà parlé aux vacances de Pâques, mais son comportement n'a pas changé durant le 3e trimestre. En avez-vous parlé avec elle comme vous deviez le faire ?
Mme Oleson est contrariée.
- Oui, j'en ai un peu parlé avec elle, mais elle a affirmé qu'elle se comportait très bien. Son frère m'a bien raconté un peu quelques unes des farces ou des bêtises qu'elle fait, mais il faut la comprendre : avec son parcours médical et tout ce qu'elle vit, je ne veux pas qu'on la contrarie encore plus, il faut bien qu'elle se détende. Et avec tout le travail que me donne la supérette, je ne peux pas non plus être disponible pour elle autant que je le voudrais, alors je suis tolérante. Et j'espère que vous le serez aussi avec ma petite chérie.
- Mme Oleson, si les médecins ont estimé qu'Amandine pouvait intégrer une classe ordinaire, c'est qu'elle le peut. Et dans ce cas, elle doit se plier à la discipline de la classe ou en subir les conséquences avec des punitions. Or, c'est ce que nous voudrions éviter, afin de ne pas la braquer, car on sent qu'elle est intelligente et vive, et pourrait être une très bonne élève... avec un peu de bonne volonté, et de la discipline. Il faut que vous en parliez sérieusement avec elle dans le but de lui éviter des punitions à répétition qui ne pourraient que la braquer contre le système. Me promettez-vous d'en parler avec elle ?
- Oui, oui... Si vous pensez que c'est aussi dans mes attributions de m'occuper de la discipline de ma fille en classe ! Je pensais que cela vous incombait à vous, pas moi. Mais si cela peut vous aider, j'en parlerai avec elle... lâche Mme Oleson d'un ton hautain.
Melle Biddle et Mme Robinson montrent à Mme Oleson les aménagements qui ont été faits pour qu'Amandine puisse avoir accès à toute la classe avec son fauteuil, ainsi qu'au tableau.
C'est alors qu'Amandine entre en trombe dans la classe et s'écrie :
- Alors, M'man ! C'est pas encore fini ? On t'attend pour aller au zoo....
Melle Biddle et Mme Robinson sont stupéfaites de l'arrogance de la fillette.
Et, avouons-le, même sa mère semble un peu gênée.
Elles sont reparties quelques minutes plus tard.
Melle Biddle et Mme Robinson se sont regardées : "croisons les doigts", se sont-elles dit.
Bonne journée :-)
♥♥♥